L'ancienne analyste du ministère des Transports Annie Trudel affirme ce matin dans une entrevue au Journal de Montréal que le député Guy Ouellette s'apprêtait à faire des révélations sur des liens problématiques entre l'UPAC, l'Autorité des marchés financiers (AMF) et une firme de consultants privés lorsqu'il a été arrêté la semaine dernière en lien avec des fuites de documents.

Mme Trudel n'a pas identifié la firme en question, mais elle a donné quelques détails sur ce qu'elle qualifie de « collusion » impliquant les organismes gouvernementaux d'application de la loi.

Depuis 2013, les entreprises qui veulent soumissionner pour obtenir des contrats publics d'importance sont obligées de montrer patte blanche et d'obtenir une autorisation de l'AMF.

C'est une division de l'UPAC qui fait le travail de vérification pour s'assurer de la probité de l'entreprise demanderesse, avant que l'AMF ne lui donne sa bénédiction.

Or, selon Mme Trudel, au moins deux entreprises auraient été redirigées par l'AMF vers une firme de consultants privés qui devait l'aider à « faire faire les diagnostics » et à « appliquer les recommandations ».

La firme chargerait des coûts exorbitants, selon elle. Elle évoque un coût de 600 000 $ dans un cas et d'un million dans l'autre.

Par ailleurs, Mme Trudel affirme qu'elle a été brièvement placée en état d'arrestation la semaine dernière, avant d'être libérée au bout de quelques minutes sans accusations. La Presse a tenté de vérifier cette information auprès de l'UPAC, qui n'a pas répondu à nos questions ce matin.

Guy Ouellette a été arrêté par une équipe spéciale d'enquêteurs de six corps policiers, appuyés par une équipe de filature de Revenu Québec, dans le cadre d'une enquête sur la fuite de documents confidentiels dans les médias de Québecor, la semaine dernière. L'équipe spéciale a mené des perquisitions dans ce dossier sur la base de soupçons d'entrave à la justice.

Le député ne fait face à aucune accusation dans cette affaire puisque l'enquête est toujours en cours.

L'AMF a réagi en niant catégoriquement les allégations de Mme Trudel lundi matin.

«Ces allégations sont non seulement fausses et d'une totale gratuité, mais elles entachent la réputation et l'intégrité de l'ensemble du personnel de l'Autorité», précise le communiqué officiel.

«En aucun cas et à aucun moment dans ce processus, l'Autorité n'intervient afin de suggérer à une entreprise de recourir à une firme de consultants en particulier pour l'aider dans son dossier. Le recours à une firme de consultants pour notamment assainir ses pratiques de gouvernance ou confirmer la solidité de ses contrôles internes, revient en tout temps à l'entreprise elle-même», poursuit le communiqué.

«L'Autorité n'intervient pas dans le choix d'une firme de consultants. Cette décision, si elle est prise, revient à l'entreprise elle-même», affirme l'organisme.