Jean-François Lisée estime que le gouvernement du Québec s'est «écrasé» devant la pression venant d'ailleurs au Canada en modifiant l'application du projet de loi 62 quant à l'obligation de recevoir un service public à visage découvert.

«Le Canada anglais a dit à Philippe Couillard de reculer. Le parlement ontarien, unanime, a dit à Philippe Couillard ''la loi 62 n'a pas sa place au Canada''. (...) Et le gouvernement du Québec, au lieu de dire ''nous votons les lois, nous les expliquons, nous les appliquons'', a dit ''ah bien, dans ce cas-là, on va reculer. Dans ce cas-là, on va faire le contraire de ce qu'on a dit, dans ce cas-là, on baisse les bras, dans ce cas-là, on montre la faiblesse de l'État québécois et du gouvernement québécois''», déplore vivement le chef du Parti québécois. 

M. Lisée dit maintenant qu'il a «honte» que le gouvernement recule sur sa position d'imposer le visage découvert aux citoyens qui reçoivent un service public, comme un usager de transport en commun tout au long de son trajet. 

«À la première tempête, [les libéraux] s'écrasent. Le gouvernement du Québec s'est écrasé. Demain, au parlement fédéral, au parlement ontarien, dans l'équipe Coderre, les gens vont dire ''ah! on les a eus, on les a eus les Québécois. On leur a fait peur. Ils ont cédé''», ajoute-t-il, affirmant que le gouvernement Couillard est d'une «faiblesse abyssale» quand vient le temps de traiter d'enjeux de laïcité. 

S'il est élu au pouvoir en 2018, le Parti québécois promet d'adopter rapidement une nouvelle loi sur la laïcité et la neutralité religieuse de l'État. Il n'exclut d'ailleurs toujours pas d'interdire le voile intégral de l'espace public et pourrait appliquer, le cas échéant, la clause dérogatoire afin que celle-ci soit protégée dans de possibles recours devant la Cour suprême.

Une loi «broche à foin», répète Legault 

Pour le chef de la Coalition avenir Québec (CAQ), François Legault, la loi adoptée par le gouvernement Couillard est «broche à foin» et crée «énormément de confusion». 

«Je ne comprends pas pourquoi Philippe Couillard s'obstine à ne pas adopter une position qui est consensuelle», dit-il, se référant à l'interdiction du port de signes religieux pour les personnes en autorité. 

Pour Nathalie Roy, porte-parole en matière de laïcité, la loi défendue par Stéphanie Vallée «fera seulement entrer plus de demandes d'accommodements dans nos vies». 

«Ce matin, j'écoutais le point de presse, je suis tout aussi mêlée que vous. (...) Ce n'est pas la laïcité ni une vraie neutralité religieuse, c'est une loi qui va encourager les demandes d'accommodements religieux. Et je ne pense pas que c'est ce que les Québécois veulent et réclament depuis des années. Force est de constater qu'après 10 ans de tergiversations, on arrive dans un véritable cul-de-sac», dit-elle. 

Le crucifix de retour sur la sellette 

Un sujet connexe fait aussi son retour à l'Assemblée nationale, mardi, alors que Québec solidaire proposera une motion à la période des questions proposant que la question du «déplacement du crucifix ornant le Salon bleu soit référée au Bureau de l'Assemblée nationale où les groupes parlementaires et les députés indépendants pourront siéger sur cette question». 

Le chef de la CAQ, François Legault, a finalement confirmé en fin d'après-midi que son caucus n'appuyait pas l'idée de retirer le crucifix du Salon bleu et qu'il ne donnerait pas son consentement au dépôt de la motion sans préavis de QS.