À un an des élections générales, et en dépit d'un remaniement majeur du Conseil des ministres, les planètes semblent bien s'aligner pour la Coalition avenir Québec. En tête chez les francophones, le parti de François Legault consolide sa position devant le Parti québécois et devient l'adversaire le plus probable du Parti libéral pour le scrutin d'octobre 2018.

C'est ce qui se dégage d'une enquête Ipsos réalisée pour La Presse auprès de 1659 répondants. Pour Sébastien Dallaire, vice-président d'Ipsos Affaires publiques, l'enquête réalisée du 14 au 17 octobre allume plusieurs voyants rouges au tableau de bord de Philippe Couillard : «Il y a beaucoup d'avertissements pour les libéraux. Plusieurs indicateurs dans ce sondage renforcent l'idée que la CAQ et son chef François Legault se positionnent bien comme l'alternative. Ils ont montré que ce n'était pas une erreur de parcours», résume M. Dallaire.

Globalement, pour le sondeur, une élection la semaine dernière aurait donné un gouvernement minoritaire. Libéral ou caquiste? Bien difficile à trancher. Course à deux entre libéraux et caquistes aux prochaines élections? «Potentiellement, mais il est encore trop tôt pour arriver à cette conclusion», prévient le sondeur.

«Le PQ est en retard, les indicateurs sont plus intéressants pour la CAQ que le PQ.»

D'abord, chez les électeurs francophones, le parti de François Legault arrive en tête du sondage, avec 32% des intentions de vote, contre 29% pour le PQ et 24% pour le PLQ. Québec solidaire ferme la marche avec 12%. Globalement, le PLQ reste en avance, avec 32% des intentions de vote, suivi de la CAQ avec 28% et du PQ à 24%. Québec solidaire obtient 12% des intentions de vote. Ces résultats ne se démarquent pas beaucoup de ceux de sondages déjà publiés par d'autres maisons.

En avance à Québec et en région

D'autres signes encourageants pour la CAQ : le résultat de la partielle de Louis-Hébert n'est pas isolé, et «pourrait refléter une réalité plus profonde». La CAQ récolte un solide 40% dans la région de la Capitale-Nationale, suivie de loin par les libéraux (25%) et par le PQ (16%). 

En région, en dehors de Québec et de Montréal, la CAQ est encore en tête, avec 32%, devant le PLQ et le PQ, au coude-à-coude avec 27% chacun. Dans la grande région de Montréal, qui inclut l'île et la couronne, les libéraux dominent avec 36%, contre 23% pour le PQ suivi de près par la CAQ. Québec solidaire ferme la marche dans la région métropolitaine avec 13% des intentions de vote. Le PLQ est le plus populaire chez les jeunes, récoltant le tiers des intentions de vote chez les 18-34 ans, soit deux fois plus que la CAQ. Mais le parti de Legault est désormais plus populaire chez les aînés - 36% des intentions de vote, contre 28% pour les libéraux.

Bon potentiel de croissance pour la CAQ et le PQ

La CAQ et le PQ bénéficient du meilleur potentiel de croissance. Quand on demande leur second choix aux répondants, 19% penchent pour le parti de François Legault, 17% pour le PQ. Le PLQ est le second choix de seulement 10% des répondants.

Autre bonne nouvelle pour la CAQ, François Legault se maintient en tête comme chef vu comme le meilleur premier ministre. Avec 23% d'appui, il devance de peu Philippe Couillard (20%). Legault domine chez les électeurs âgés, une clientèle qui, traditionnellement, préférait les chefs libéraux. Jean-François Lisée est loin derrière avec 13%. Un constat très dur pour le chef péquiste, observe le sondeur : aux commandes depuis un an seulement, M. Lisée aurait dû profiter d'une plus longue lune de miel.

Tableau mitigé pour Couillard

Au sein de leur propre parti, François Legault et les leaders de Québec solidaire, Manon Massé et Gabriel Nadeau-Dubois, font le plein d'appuis : 78% des caquistes veulent avoir François Legault à leur tête aux prochaines élections et 70% des solidaires veulent aussi aller au combat avec leurs généraux actuels. La photo est moins nette pour les autres partis. Jean-François Lisée, qui vient de récolter un appui quasi unanime de son congrès, est appuyé par 64% des électeurs péquistes. Pour Philippe Couillard, le tableau est plus mitigé encore : seulement 57% des électeurs libéraux préfèrent qu'il reste à la barre pour les prochaines élections. Près de 30% des électeurs libéraux pensent que leur parti devrait changer de chef, «ça démontre une certaine fatigue à l'endroit de M. Couillard», observe le sondeur.

Autre constat : le remaniement ministériel de la semaine dernière n'a pas changé les perceptions «pour le moment», remarque Ipsos. «C'est un peu tôt pour évaluer, mais à première vue, cela suscite un haussement d'épaules chez les électeurs», observe le sondeur.

***

MÉTHODOLOGIE

Les résultats présentés dans ce rapport sont issus d'un sondage Ipsos mené du 14 au 17 octobre 2017 auprès de 1659 répondants du Québec; 1159 personnes ont répondu au sondage par l'entremise de la plateforme internet Je-dis, et les 500 autres par téléphone. Environ 40% des entrevues téléphoniques ont été tenues avec des répondants utilisant un téléphone cellulaire, contre 60 % ayant plutôt utilisé un téléphone fixe. Une pondération a été appliquée à l'échantillon total en fonction de l'âge, du sexe, de la région et de la langue pour assurer que la composition de l'échantillon final soit représentative de la population adulte du Québec selon les données du recensement de Statistique Canada.

La combinaison des deux méthodes d'entrevue permet de minimiser les risques de biais d'échantillonnage causés par l'utilisation d'un seul mode de collecte. Bien que les deux techniques de collecte permettent de tirer des échantillons fiables en soi, la combinaison de ces deux techniques permet de rejoindre plus facilement certains segments de la population qui peuvent être plus difficiles à contacter par l'une des deux méthodes prises isolément. Cette façon de faire diminue l'importance de la pondération qui est appliquée afin d'obtenir un échantillon représentatif de la population à l'étude. Cette approche a été conçue par Ipsos à la lumière de son expérience dans la tenue de sondages politiques à l'échelle du Canada et dans plus de 450 élections dans le monde au fil des 20 dernières années.

En raison de la combinaison de deux modes de collecte de données, Ipsos n'applique pas de marge d'erreur globale à ce sondage.

Ipsos est la troisième firme de recherche en importance au monde avec des bureaux dans 86 pays et 16 000 employés à l'échelle mondiale. Ipsos compte des équipes de recherche dans plus de 33 bureaux en Amérique du Nord, dont sept au Canada (Montréal, Toronto, Vancouver, Calgary, Winnipeg, Ottawa et Guelph). La division Ipsos Affaires publiques est la plus importante équipe de recherche en son genre au monde. Son équipe d'experts en sondages politiques et en recherche sociale est présente dans plus de 30 pays et possède une expertise inégalée dans la tenue de sondages électoraux.

***

Économie : verdict mitigé

Ipsos a aussi testé l'opinion des Québécois quant aux orientations adoptées par Québec dans plusieurs secteurs. Surprise, alors que les finances publiques sont en santé et que l'économie va bien, le verdict de la population sur le bilan économique du gouvernement reste mitigé. Ainsi, 44% des électeurs estiment que le Québec va dans la bonne direction sur les questions économiques, mais ils sont tout de même 40% à penser le contraire. L'environnement, l'énergie et la culture sont les secteurs où l'action du gouvernement semble le plus appréciée.

Santé et éducation : voyants rouges

Mauvaise nouvelle pour Philippe Couillard, dans les domaines névralgiques de la santé, de l'éducation et de l'identité, le poids des mécontents dépasse largement celui des satisfaits. En éducation, 55% des gens pensent que le Québec va dans la mauvaise direction. En santé, c'est 62% des gens qui estiment que l'on va dans la mauvaise direction. Le remaniement n'a pas touché ces deux portefeuilles. Et, sur les questions identitaires, le Québec fait fausse route pour 58% des répondants.

Faible satisfaction

La satisfaction envers le gouvernement Couillard demeure passablement faible : seulement 34% des répondants se déclarent «satisfaits» de la gouvernance à Québec. Inversement, 57% se disent «insatisfaits». Alors que seulement 5% des gens se déclarent «très satisfaits», cinq fois plus, soit 27%, se disent «très insatisfaits».

À Ottawa, le NPD en danger

À Ottawa, à mi-mandat, le gouvernement Trudeau continue de caracoler en tête dans les intentions de vote, avec 43% d'appui au Québec. Derrière, la course est serrée entre le Bloc québécois (20%), le NPD (16%) et le Parti conservateur (15%). Si des élections avaient lieu aujourd'hui, le NPD risquerait de perdre la moitié de ses 16 sièges au Québec, observe le sondeur.