Le premier ministre Philippe Couillard a offert l'aide du Québec pour une solution politique en Catalogne, une fois les esprits «refroidis», et a condamné les violences dans le déroulement du référendum sur l'indépendance «de quelques sources qu'elle vienne».

En mêlée de presse à Rimouski, M. Couillard a affirmé que son gouvernement a contacté les autorités autant espagnoles que catalanes pour offrir l'assistance du Québec, disant que l'expérience de la province «de ces situations et de ces débats» pouvait lui permettre de jouer un rôle constructif.

En regard aux interventions de la police nationale espagnole pour empêcher la tenue du référendum sur l'indépendance, dimanche, d'autres politiciens québécois présents sur place ont condamné sans équivoque pour leur part le gouvernement espagnol.

La co-porte-parole de Québec solidaire Manon Massé a appelé M. Couillard, et le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, à condamner un pays «qui se dit démocratique», l'Espagne, et qui «utilise son corps policier pour enlever la démocratie à une partie de son peuple».

La chef du Bloc québécois, Martine Ouellet, a soutenu que le Québec et le Canada se doivent de «demander le respect de la démocratie, le respect à l'autodétermination», y voyant une intervention «incontournable (...) en fonction des conventions internationales».

Mme Ouellet et Mme Massé ont pu constater de longues queues et un grand nombre de personnes exerçant leur vote dans plusieurs bureaux dimanche - à Barcelone et ailleurs dans la région catalane. Les deux politiciennes estimaient qu'un résultat «valide» pourrait être annoncé, malgré les interventions musclées de Madrid à l'égard d'un référendum qu'il juge illégal.

Le député du Parti québécois Stéphane Bergeron a relaté avoir vu des fourgons de la police s'approcher d'un bureau de vote à Barcelone, disant que des gens s'étaient rués littéralement vers la porte avant de se retourner vers les policiers en levant les bras dans les airs et en scandant «Nous allons voter, nous allons voter».

Un peu plus loin, à 50 mètres de ce lieu de vote, un autre bureau a été investi par les forces policières espagnoles «assez brutalement», a ajouté M. Bergeron.

Depuis le Québec, le chef du Parti québécois Jean-François Lisée a salué «le peuple catalan qui se tient debout devant l'indigne et honteuse violence de l'État espagnol».

Les forces de l'ordre espagnoles sont intervenues avec force à maintes reprises pour perturber la consultation populaire. Selon le gouvernement catalan, plus de 700 personnes avaient été blessées, dont certaines auraient subi des blessures graves.

Le chef de la Coalition avenir Québec, François Legault, a condamné nommément l'Espagne. Par voie de communiqué, il a déclaré que son parti «déplore l'utilisation de la force et de la répression par l'État espagnol». Le chef caquiste semble toutefois rejeter d'avance toute déclaration d'indépendance unilatérale que pourrait lancer le gouvernement catalan lorsqu'il dit «qu'il ne paraît pas souhaitable que des actions précipitées et irréversibles soient prises».

Tout comme le premier ministre, M. Legault a lancé un appel au dialogue, disant espérer que «les gouvernements de Madrid et de Barcelone pourront s'entendre pour qu'une consultation se tienne dans un contexte permettant une issue claire et ordonnée, dont les résultats pourront être reconnus par tous».

Le gouvernement fédéral lui aussi fait preuve de prudence en condamnant la violence sans pointer quiconque du doigt. Adams Austen, l'attaché de presse de la ministre des Affaires étrangères du Canada, Chrystia Freeland, a déclaré que «(même si) la question de la Catalogne est un enjeu interne pour l'Espagne, le bilan de violence sur le terrain aujourd'hui est inquiétant». Dans une déclaration écrite transmise par courriel, il a ajouté que «nous espérons qu'une solution sera trouvée dans le respect, dans la primauté de la règle de droit à travers un dialogue pacifique».

En soirée, le cabinet du premier ministre Trudeau a indiqué que celui-ci n'ajoutera rien à la déclaration de M. Austen.