La consultation québécoise sur la discrimination systémique et le racisme coûtera plus cher que prévu, car elle est victime de son succès, a expliqué la ministre de l'Immigration, Kathleen Weil, mardi.

Le budget de la consultation a bondi de 500 000 $ à 900 000 $ depuis juillet.

Quinze groupes devaient, à l'origine, tenir des consultations locales. «L'engouement» autour du projet a fait en sorte que 31 groupes ont finalement été retenus.

Québec ajoute donc des ressources, entre autres pour épauler la Commission des droits de la personne, qui encadre les consultations régionales, a dit la ministre.

«On savait qu'il y avait peut-être une possibilité qu'il y ait plus d'intérêt, a affirmé Mme Weil en mêlée de presse à l'Assemblée nationale. Donc, on a été agréablement surpris du fait que 31 organismes dans 13 régions différentes ont répondu à l'appel.»

Le sujet a rebondi en Chambre, mardi, et a vite fait l'objet d'un échange corsé entre le premier ministre Philippe Couillard et le chef du Parti québécois (PQ), Jean-François Lisée.

Celui-ci a souligné qu'au moins deux groupes impliqués, soit le Forum musulman canadien et la Fédération des Canadiens musulmans, ont déjà qualifié le Québec de xénophobe et d'islamophobe.

«C'est comme demander à Marc-Yvan Côté (ex-ministre libéral accusé de complot, corruption, fraude et abus de confiance) de faire une consultation pour savoir s'il y a de la corruption au Parti libéral. Ce n'est pas une bonne idée. Il peut s'exprimer, mais il ne peut pas l'organiser», a lâché M. Lisée.

«Est-ce que le premier ministre ne peut pas se rendre compte que de choisir des organismes qui sont juges et parties, c'est le contraire d'une consultation ouverte et neutre?» a-t-il renchéri.

De surcroît, a affirmé M. Lisée, le Forum musulman est dirigé par Samer Majzoub, dont l'école privée musulmane de Pierrefonds a été financée par l'émirat du Koweït.

Selon le site de veille de l'islamisme Point de bascule, M. Majzoub est administrateur d'organismes liés au groupe islamiste Les Frères musulmans, a déclaré M. Lisée.

Se levant à son tour, M. Couillard a répondu: «Je ne sais pas si le collègue apprécierait si je mentionnais les noms de toutes les personnes de sa formation politique qui sont actuellement en train de répondre à des accusations ou qui ont, M. le Président, eu à répondre, dans le passé, à des allégations. C'est assez bas comme comportement.

«Sur l'essence même de ce dont nous discutons aujourd'hui, (...) il ne mentionne que trois groupes sur la multitude qui vont se présenter. Il y aura d'autres opinions qui vont être apportées. Il y aura des experts, il y aura des universitaires également qui vont participer à cette consultation», a-t-il conclu.

Plus tôt dans la journée, deux députées péquistes avaient ouvert le bal en qualifiant la consultation québécoise sur le racisme systémique de «redondante» et «partisane», voire même de tactique libérale pour «engranger des votes».

«M. Couillard n'a-t-il pas intérêt à continuer de ne pas agir en matière de discrimination et à continuer à diviser les Québécois afin d'engranger les votes, afin de séparer les Québécois en une base électorale potentielle pour lui?» s'est questionnée la députée Agnès Maltais.

Selon le PQ, pas moins de 15 chroniqueurs au Québec sont opposés à la tenue d'une telle consultation.

Le PQ et la Coalition avenir Québec (CAQ) ont déjà demandé l'annulation de la consultation.