Une coalition hétéroclite de gens d'affaires, d'écologistes et de partis politiques a pris la défense d'Uber, mardi, après que l'entreprise eut annoncé son retrait du marché québécois le 14 octobre.

À l'Assemblée nationale, la Coalition Avenir Québec (CAQ) a affirmé que la compagnie a montré sa «bonne foi» au cours de la dernière année. 

Le député François Bonnardel, leader parlementaire du deuxième groupe d'opposition, s'est inquiété du message qu'enverrait le départ d'Uber du Québec, advenant que l'entreprise décide de plier bagage le 14 octobre prochain. 

«Toutes les technologies du 21e siècle, toutes les ''start-ups'' de ce monde, on leur dit ''Venez pas vous installer dans notre société distincte, parce qu'on va tout faire pour vous mettre des bâtons dans les roues pour ne pas que ça fonctionne"», a estimé M. Bonnardel. 

«Je comprends Uber de [rappeler que] 84% de leurs chauffeurs sont à temps partiel, font 10 à 15 heures semaine, alors on ne [doit pas] leur demander d'aller s'asseoir une semaine de temps non rémunéré pour apprendre les rudiments du taxi», a affirmé le député caquiste, opposé à cette nouvelle exigence imposée par Québec pour renouveler d'un an le projet pilote.  

La Commission-jeunesse du Parti libéral a elle aussi qualifié la situation de «décevante», critiquant au passage le «carcan administratif lourd et complexe» imposé par le gouvernement Couillard à l'entreprise. Elle a appelé Québec à s'entendre avec Uber, notamment sur l'épineuse question de la formation des chauffeurs.

«Il est déplorable que cette problématique bien connue ait à se régler à la dernière minute, encore une fois», ont dénoncé les jeunes libéraux dans un communiqué.

Le groupe vert Équiterre a lui aussi déploré le dénouement du projet-pilote Uber. L'organisme considère que des barrières règlementaires freinent l'émergence de services de covoiturage commerciaux, comme Uber, qui permettraient de réduire les problèmes de congestion routière urbaine et les émissions de gaz à effet de serre. 

«Le débat n'est donc plus entre Uber et les taxis, mais plutôt entre un système hyper réglementé et désuet d'encadrement des services de taxi et de covoiturage, et un potentiel énorme de développer de nouveaux services de mobilité durable», a résumé par communiqué le directeur général d'Équiterre, Sidney Ribeaux. 

La Chambre de commerce du Montréal a pour sa part appelé le gouvernement Couillard «à trouver un terrain d'entente le plus rapidement possible» avec la multinationale. 

Son président, Michel Leblanc, a fait valoir que le départ d'Uber envoie un bien mauvais signal au moment où on tente d'attirer le géant du commerce en ligne Amazon à Montréal. Il y voit aussi une mauvaise nouvelle pour les entreprises de la nouvelle économie qui tentent d'attirer des investisseurs. 

«La décision d'Uber de se retirer du marché de Montréal va être comprise, perçue dans ces milieux-là comme étant une rigidité ici face à des modèles d'innovation, a dit M. Leblanc. C'est mauvais pour les entreprises d'ici qui voudraient se financer, c'est mauvais aussi pour la réputation de Montréal comme ville où on peut mettre de l'avant des nouveaux modèles d'affaires.» 

L'opposition divisée sur la question 

Mais Uber n'a pas obtenu que des appuis, bien au contraire. Le Parti québécois et Québec solidaire se sont montrés peu impressionnés par l'entreprise qui doit respecter, disent-ils, les mêmes règles que l'industrie du taxi s'ils veulent agir sur le marché.

«Si Uber veut jouer le jeu qui se joue dans cette industrie, qu'ils jouent avec les règles pour que tout le monde soit sur un pied d'égalité. Là, ils chialent parce qu'on leur impose une formation obligatoire... Les chauffeurs de taxi en ont une, pourquoi pas eux?», s'est questionné mardi le député péquiste Alain Therrien, critique en matière de transports. 

«[Uber], c'est une faille dans le marché. (...) T'as pas besoin d'être Adam Smith pour comprendre que ça n'a pas de maudit bon sens», a-t-il ajouté.

Pour Amir Khadir, député de Québec solidaire, «Uber, ce n'est pas bon. Ça appauvrit non seulement les travailleurs directement concernés, les chauffeurs de taxi, mais ça appauvrit aussi les économies locales.»