Le projet pilote encadrant les opérations d'Uber au Québec est prolongé d'un an, moyennant un resserrement des vérifications d'antécédents judiciaires des chauffeurs et plus d'heures de formation obligatoire avant de transporter des clients.

Le ministre des Transports, Laurent Lessard, en a fait l'annonce vendredi en même temps qu'il dévoilait les recommandations du comité sur la modernisation de l'industrie du transport par taxi. 

Selon les nouvelles règles imposées par Québec, Uber devra désormais imposer 35 heures de formation à ses nouveaux partenaires chauffeurs, un temps équivalant à ce qui est imposé aux chauffeurs de taxi opérant dans le Grand Montréal. De plus, l'entreprise devra faire vérifier les antécédents judiciaires de ses chauffeurs par les corps policiers, plutôt que par une firme externe, et imposer une inspection mécanique des véhicules qui transportent des clients aux 12 mois. 

Aussitôt annoncées, ces nouvelles mesures ont été décriées comme étant «rétrogrades» par Uber, qui dit que cela menace la survie de l'entreprise au Québec. 

«Le ministère des Transports nous a informés ce matin de la nouvelle réglementation rétrograde qui favorise les anciennes politiques plutôt que d'intégrer les avantages des nouvelles technologies. Nous sommes extrêmement déçus de ces changements additionnels qui mettent en péril notre capacité de continuer à opérer au Québec. Nos équipes étudieront les changements demandés, mais nous pouvons déjà affirmer qu'à première vue nos opérations au Québec sont fortement menacées», a écrit par courriel Jean-Christophe de Le Rue, porte-parole d'Uber au Québec.

7,2 millions perçus en un an 

La première année du projet pilote a permis à Québec de percevoir 7,2 millions de dollars, maintenant que les taxes de vente sont appliquées aux courses d'Uber. Cet argent, a rappelé le ministre Lessard, sera investi à l'enveloppe générale attribuée à la modernisation de l'industrie du taxi.

Un groupe de travail réunissant le ministère des Transports, le ministère des Finances et l'industrie du taxi sera également mis sur pied rapidement pour évaluer les pertes et les impacts subis par les propriétaires de taxi avec l'arrivée d'Uber sur le marché. À titre d'exemple, selon le rapport du comité sur la modernisation de l'industrie du taxi, la valeur des permis a chuté de 38,6% sur l'île de Montréal entre janvier 2014 et juin 2017.  

«[Uber est là], on doit mieux les encadrer, bien cerner les enjeux et à partir de là, on a dit que si c'est l'État qui change les [règles], c'est l'État qui accompagnera les chauffeurs de taxi», a affirmé Laurent Lessard, qui se laisse six mois pour définir comment compenser financièrement les chauffeurs dont la valeur du permis de taxi diminue en raison de l'arrivée d'Uber. 

Les taxis en colère 

Les chauffeurs de taxi de la région de Québec ont rapidement dénoncé l'annonce du ministre Lessard, vendredi, qu'ils ont qualifié «d'aberrante» dans un point de presse qui s'est tenu à la tribune de la presse parlementaire. 

«C'est simple, nous venons de comprendre tout simplement que le gouvernement libéral vient de charger une facture de 1,2 milliard de dollars aux contribuables», a dit Abdallah Homsy, porte-parole du Regroupement des intermédiaires du taxi de Québec, citant ainsi la valeur de l'ensemble des permis de taxi réunis. 

«Des gens vont perdre leur gagne-pain journalier, ils vont finir par faire quoi? Continuer à travailler un peu dans le taxi et finir dans le chômage et le bien-être social?», a-t-il poursuivi, affirmant que la prolongation du projet pilote risquait de signer «l'arrêt de mort» de l'industrie du taxi. 

Pour l'instant, Québec n'entend pas limiter le nombre de chauffeurs qui peuvent travailler pour Uber, a indiqué le ministre des Transports. Le projet pilote pouvant être renouvelé qu'une fois, a dit M. Lessard, le gouvernement devra légiférer d'ici un an s'il souhaite maintenir Uber dans la province.