Philippe Couillard a pratiquement écarté l'idée de fixer à 21 ans l'âge minimal pour consommer du cannabis, hier. Il a fait valoir que les jeunes adultes auraient accès à la substance, peu importe le seuil que fixera son gouvernement.

Lors d'un débat à l'Assemblée nationale, le premier ministre a exprimé sans détour son désaccord avec le chef caquiste, François Legault, qui propose de fixer l'âge de consommation à 21 ans.

« Est-ce qu'il pense sérieusement qu'il va empêcher de quelque façon les jeunes de 18 à 21 ans de fumer du pot ? Allô, la Terre ! », a ironisé M. Couillard.

« Je pense qu'ils en fument déjà, puis ils vont continuer à en fumer, a-t-il ajouté. Au contraire, ce qu'on veut faire, c'est empêcher le crime organisé puis le marché noir de profiter de la situation. »

M. Couillard a rappelé que son gouvernement présenterait sous peu une loi-cadre pour préparer la légalisation du cannabis par Ottawa.

La CAQ presse Québec d'adopter la « ligne dure » pour limiter au maximum la consommation de la substance. En Chambre, hier, M. Legault a souligné les « effets dévastateurs » du cannabis sur la réussite scolaire, ainsi que les problèmes de santé mentale qu'il provoque chez certains jeunes adultes.

« Si on légalisait la consommation du cannabis entre 18 et 21 ans, on enverrait un signal aux jeunes que ce n'est pas si dangereux que ça, consommer du cannabis entre 18 et 21 ans », a dit M. Legault.

M. Couillard a répondu que l'alcool entraînait aussi des troubles de développement du cerveau. On ne constate pourtant pas de remise en cause de l'âge minimal de 18 ans pour en consommer.

« Il faut qu'il soit conséquent, a dit M. Couillard. L'un n'est pas banal, pas plus que l'autre, et on ne veut pas banaliser le cannabis, certainement pas, mais il faut avoir une vision un peu plus large. »

Le Parti québécois propose de fixer l'âge de consommation du pot à 18 ans et plus.

7 OU 8 $ LE GRAMME

Au terme des échanges, la ministre de la Santé publique, Lucie Charlebois, a révélé qu'il serait difficile de vendre le cannabis plus cher qu'à son prix actuel sur le marché noir. Celui-ci oscille entre 7 et 8 $ le gramme, a-t-elle indiqué, citant des données fournies par des experts en commission parlementaire.

Lorsque la substance sera légale, les prix devront être « concurrentiels » pour éviter de renvoyer les consommateurs vers le crime organisé.

« Oui, on veut protéger la santé publique et la sécurité, a expliqué Mme Charlebois. Mais ce qu'on veut contrer, enrayer au maximum, c'est le marché noir. Donc, si nos prix ne sont pas concurrentiels avec le marché noir, on va être dans le trouble. »

Québec a mené plusieurs consultations avec le gouvernement ontarien pour élaborer son cadre réglementaire sur le cannabis. Queen's Park envisage de fixer le prix du gramme de cannabis aux environs de 10 $, a indiqué cette semaine le ministre des Finances de la province, Charles Sousa.