À peine 24 heures après la publication d'un projet de règlement qui permettrait des forages pétroliers et gaziers à 150 mètres des habitations, le gouvernement Couillard se montre déjà ouvert à le modifier.

Le ministre de l'Environnement, David Heurtel, a reconnu jeudi que l'industrie des hydrocarbures crée des «inquiétudes» au sein de la population. Il a assuré que son collègue aux Ressources naturelles Pierre Arcand, responsable de la nouvelle réglementation, sera attentif aux commentaires avant d'en présenter une version définitive.

«Le règlement va être appelé à être travaillé, il va évoluer, a indiqué M. Heurtel. On va considérer l'ensemble des commentaires.»

Le ministre Arcand a publié mercredi quatre projets de règlement qui visent à encadrer l'industrie des hydrocarbures. Ces documents seront soumis à une période de consultation de 45 jours et une version finale sera publiée d'ici la fin de l'année.

Plusieurs mesures serreraient la vis aux promoteurs. Ils devraient fournir au gouvernement des preuves de solvabilité et soumettre leurs projets à l'examen de la Régie de l'énergie.

Mais d'autres dispositions sont beaucoup plus conciliantes. Québec propose de permettre des forages à 150 mètres des habitations et à 60 mètres de parcs nationaux. C'est nettement moins sévère que ce qui avait été proposé dans un projet de règlement publié à l'été 2016.

M. Heurtel a assuré que les entreprises pétrolières et gazières seront loin d'avoir carte blanche. La réglementation proposée mercredi ne change «en rien du tout» le processus d'évaluation environnementale des projets d'hydrocarbures, qui devront toujours être soumis à l'examen du Bureau des audiences publiques sur l'environnement (BAPE).

«J'ai pris l'engagement formel en commission parlementaire - publiquement - que tous les projets d'hydrocarbures allaient être considérés au Québec maintenant comme des projets à risque élevé, a dit M. Heurtel. C'est-à-dire qu'ils vont être soumis au BAPE.»

À l'Assemblée nationale, le Parti québécois a tiré à boulets rouges sur l'initiative du gouvernement libéral. Il y voit la preuve que Québec veut ouvrir la porte à l'industrie pétrolière ainsi qu'à la fracturation hydraulique.

«Le gouvernement libéral donne le Québec à vendre aux compagnies pétrolières et gazières, a dénoncé le député péquiste Sylvain Gaudreault. Ça, c'est la vérité que nous avons devant nous.»

La Coalition avenir Québec s'explique mal la volte-face du gouvernement Couillard, qui proposait des distances séparatrices de 500 mètres entre les forages et les habitations l'an dernier.

«Comment Pierre Arcand et David Heurtel justifient-ils un tel changement de cap ?, a demandé le député caquiste Mathieu Lemay dans un communiqué. Sur le plan environnemental et sur le plan de l'acceptabilité sociale, cette réglementation ne passera jamais la rampe.»