Arrêter des dirigeants indépendantistes catalans «n'est peut-être pas la meilleure chose à faire», selon le gouvernement Couillard, qui n'entend pas cependant protester officiellement.

La ministre des Relations internationales, Christine St-Pierre, a ainsi regretté du bout des lèvres, mercredi, la répression exercée par l'Espagne, qui veut empêcher la tenue d'un référendum sur l'indépendance en Catalogne le 1er octobre.

Les tensions ne cessent de monter dans cette région partenaire du Québec. L'Espagne a décidé de réprimer par la force le mouvement indépendantiste catalan. La police a perquisitionné dans des bureaux du gouvernement régional pour arrêter au moins une douzaine de personnes, dont des dirigeants, selon l'Associated Press.

L'opposition officielle péquiste demande autant au gouvernement Couillard qu'au fédéral de dénoncer la violation du droit à l'autodétermination des peuples, mais Christine St-Pierre a répété que Québec n'allait pas s'immiscer dans le processus. Elle a toutefois reconnu que Madrid avait choisi des moyens inappropriés.

«On pense que ce n'est peut-être pas la meilleure chose à faire», s'est-elle bornée à déclarer en point de presse à la sortie du conseil des ministres, mercredi après-midi.

«On suit la situation de près, on souhaite que les choses se passent de façon paisible et, évidemment, on ne s'immiscera pas dans la politique intérieure de l'Espagne.»

Toutefois, selon le chef de l'opposition officielle, Jean-François Lisée, la ministre «dit n'importe quoi» quand elle refuse de se mouiller.

En conférence de presse à l'Assemblée nationale, il a rappelé que 700 maires sont menacés d'arrestation et qu'une mise sous tutelle financière et juridique de la Catalogne a été décrétée, ce qui est une «violence d'État» et un «déni de démocratie», pour reprendre ses mots.

«Empêcher par la force policière la tenue d'une consultation par un gouvernement élu en Catalogne, c'est inacceptable et ça doit être dénoncé», a-t-il dit.

«Nous ne demandons pas aujourd'hui à des pays de se prononcer pour le oui ou pour le non, on leur demande de se prononcer pour le respect de la démocratie, la tenue d'un référendum. Ils n'ont pas à dire aux Catalans comment voter. Ils ont à dire aux Espagnols: laissez voter les Catalans.»

M. Lisée a rappelé que le Québec est «historiquement proche des Catalans».

Les gouvernements du Québec et de la Catalogne ont en effet signé une entente de coopération en 1996 qui s'étend à plusieurs domaines, dont la culture et l'éducation. Le Québec a un bureau à Barcelone, en quelque sorte une ambassade.

Pour sa part, la CAQ a refusé de condamner le gouvernement central espagnol. En conférence de presse, le chef caquiste François Legault a affirmé que c'était «inquiétant» et qu'«on n'aime pas voir ça», en ajoutant que ce n'est pas au Québec et au Canada de se mêler des négociations entre Madrid et Barcelone.