Les propos controversés tenus récemment par la présidente du Conseil du statut de la femme (CSF) ont fait surgir des divergences de vues au sein du gouvernement Couillard sur la condition des femmes au Québec.

Invitées à commenter les déclarations de Louise Cordeau, qui dirige le CSF depuis sept mois, deux ministres, l'actuelle responsable de la Condition féminine, Lise Thériault, et sa prédécesseure, Christine St-Pierre, ont tenu mardi des positions opposées.

Lors d'une récente entrevue au Journal de Québec, Mme Cordeau a évoqué la possibilité de changer le nom de l'organisme qu'elle dirige, l'égalité entre hommes et femmes étant, selon elle «presque acquise».

Cette lecture de la situation actuelle du statut réservé aux femmes au Québec a fait bondir l'actuelle ministre des Relations internationales, Christine St-Pierre, qui ne partage pas du tout les constats optimistes de Mme Cordeau.

À l'opposé, la ministre Thériault a refusé mardi de condamner ses propos, jugeant que le débat sur ces questions devait se faire.

«Si elle veut faire le débat qu'elle le fasse», a insisté Mme Thériault, en point de presse, refusant de prendre position sur le fond de la question.

Elle a même encouragé Mme Cordeau à poursuivre sa réflexion sur le sujet, car «c'est sain d'avoir des débats dans une société démocratique».

«C'est sain de soulever une question. Elle a le droit de le faire», selon la ministre, qui a refusé de dire sa propre position sur le sujet, ce que n'a pas hésité à faire sa collègue des Relations internationales.

«Là où j'ai un sérieux problème, c'est lorsque l'on dit que l'égalité entre les hommes et les femmes est presque atteinte, ça je ne suis pas d'accord avec ça», a commenté Mme St-Pierre, ne cachant pas avoir été «choquée» par le discours tenu par Mme Cordeau, contrairement à sa collègue responsable de la Condition féminine.

Questionnée par les journalistes, la ministre Thériault a soufflé le chaud et le froid, se montrant ouverte aux changements, tout en affirmant ne pas fomenter le projet de modifier le nom ou le mandat du CSF.

«Il peut y avoir des changements, c'est normal ça reflète l'évolution de notre société», a-t-elle dit, ajoutant que de toute façon une décision de ce type ne relevait pas d'elle, mais plutôt du premier ministre.

«C'est pas à moi de rajeunir le titre ou pas», a-t-elle dit, en faisant référence à un éventuel changement de nom de l'organisme créé en 1973 pour conseiller le gouvernement sur les moyens d'atteindre l'égalité de droits et de fait pour les femmes.

Malgré ses déclarations, la présidente du CSF demeure une dirigeante «crédible» à ses yeux.

Mme Thériault a dit souhaiter que les hommes «travaillent avec les femmes à faire avancer les femmes», surtout ceux ayant des postes de pouvoir.

«Il y a des avancées, mais il reste du travail à faire encore» pour assurer l'égalité pour les femmes, a-t-elle indiqué.