La loi 101 ne sera pas appliquée aux entreprises de dix employés et plus, aux CPE et aux garderies privées subventionnées, ont tranché les militants péquistes. Quant à l'affichage commercial unilingue en français, il ne sera pas non plus imposé aux entreprises du Québec.

Le débat sur le durcissement de la loi 101, qui s'est déroulé dimanche après-midi au Congrès national du Parti québécois, à Montréal, s'est terminé avec un rejet des trois propositions phares des tenants d'une Charte de la langue française avec plus de mordant.

Jean-François Lisée s'est même présenté au micro pour la première fois de la plénière afin de demander aux militants de rejeter une proposition qui commandait d'imposer l'affichage unilingue en français à toutes les entreprises du Québec.  

«Depuis un certain nombre d'années, on a convaincu les commerçants anglophones, italiens, chinois, arabes, espagnols, d'afficher de façon prédominante en français sans qu'ils excluent leur langue et leur singularité. (...) Ce que nous voulons, c'est allez plus loin pour obliger les grandes marques de commerce qui ont résisté à l'idée de faire précéder leur nom d'un descriptif en français», a rappelé le chef péquiste.

«Mais ce que nous voulons aussi, a-t-il ajouté, c'est que le français inspire le respect. Et on ne peut pas inspirer le respect en excluant l'autre. Il faut une part de respect pour l'autre, une part de respect pour la différence. Et l'affichage commercial où le français est prédominant, il inclut cette part de respect pour l'autre.» 

Un peu d'air aux entreprises 

Alain Therrien, député de Sanguinet, est aussi allé au micro pour demander aux militants de rejeter une proposition qui visait à imposer la francisation des entreprises de 10 employés et plus. Actuellement, la Charte de la langue française s'applique aux entreprises de 50 employés et plus et le Parti québécois souhaite déjà l'imposer, selon le programme officiel, aux entreprises de 25 employés et plus.  

«Trouvons des mesures plus faciles à adapter aux entreprises pour faire le pas vers les [entreprises de] 10 à 25 employés. Oui à la francisation, mais de façon à ce que les entrepreneurs ne soient pas submergés», a dit M. Therrien.  

Le délégué d'Orford, Pierre Rodier, a pour sa part dit qu'il faut «envoyer dans nos petites entreprises un message très clair : votre langue de travail, c'est le français. Ça n'empêche pas de répondre aux clients dans d'autres langues. Ce qu'on dit, c'est travaillez en français, s'il vous plaît.» 

Les enfants d'âge préscolaire épargnés 

Les enfants d'âge préscolaire seront également épargnés de la loi 101. Véronique Hivon, députée de Joliette et porte-parole du Parti québécois en matière de famille, est allée au micro pour prévenir les militants qu'imposer la Charte de la langue française aux garderies subventionnées pourrait mener à la création d'un réseau de CPE anglophone. 

«En ce moment, 93% des CPE sont francophones. Les seules exceptions sont dans certaines communautés autochtones et dans la communauté juive historique anglophone du Québec. Alors l'effet pervers [de la proposition] pourrait être d'augmenter la fréquentation des CPE anglophones», a dit Mme Hivon. 

«Subventionner les garderies bilingues, c'est favoriser une minorisation du français. Prendre l'argent des Québécois pour diminuer leur importance numérique», a pour sa part dit Michel Senecal, délégué péquiste de Châteauguay, favorable à la loi 101 aux garderies. 

S'affirmant aussi sensible à l'enjeu, Mme Hivon a toutefois évoqué qu'il serait plus simple d'imposer l'obligation que des éducateurs parlent en français aux enfants lorsque Québec octroie un permis à un service de garde.

Les délégués péquistes ont à la majorité suivi le conseil de la députée et ont rejeté la proposition présentée en plénière.