Le syndicat qui représente les ingénieurs de l'État recommande à ses membres de rejeter l'offre «finale et globale» présentée il y a deux semaines par le gouvernement Couillard.

Les 1400 membres de l'Association professionnelle des ingénieurs du gouvernement du Québec (APIGQ) ont commencé à voter la nuit dernière sur la proposition du président du Conseil du trésor, Pierre Moreau. Le scrutin électronique durera sept jours.

En entrevue, le président du syndicat, Marc-André Martin, a confirmé hier que le comité de négociation a recommandé aux membres de rejeter la proposition.

«Je ne vous cacherai pas que les membres sont très déçus», a-t-il affirmé.

«C'est aux membres de se prononcer, a-t-il ajouté. Mais ça n'a tellement pas bougé qu'on recommande de rejeter cette offre.»

Sans convention collective depuis le 31 mars 2015, les syndiqués ont déclenché une grève le 24 mai. Le débrayage a perturbé des dizaines de chantiers pendant trois semaines. Alors qu'une loi spéciale semblait imminente, le syndicat a pris tout le monde de court en annonçant la fin de la grève à la mi-juin.

Un «pas de souris»

Peu après, le président du Conseil du trésor a présenté une offre qu'il a qualifiée de «finale et globale» aux travailleurs. Pierre Moreau a précisé que cette dernière proposition ne pourrait être modifiée qu'«à la marge».

Or, soutient Marc-André Martin, le ministre n'a franchi qu'un «pas de souris» dans ses dernières propositions.

Québec offrait des augmentations salariales de 5,25% sur quatre ans, en plus d'une bonification importante la cinquième année pour les ingénieurs les plus expérimentés. On a également offert des primes pour des projets spéciaux.

La dernière offre a été réaménagée pour réduire les primes et augmenter les salaires aux derniers échelons. Mais le montant global reste insuffisant pour renforcer l'expertise de l'État, selon M. Martin, qui souligne que cette lacune a été montrée du doigt par la vérificatrice générale lors d'une récente enquête sur le ministère des Transports.

«Ils ont appelé ça une "offre bonifiée", a ironisé M. Martin. Je ne sais pas comment ils l'ont bonifiée parce qu'il n'y a pas de nouvel argent.»

Reprise possible de la grève

Si ses membres rejettent les dernières offres patronales, l'APIGQ déposera rapidement une contre-proposition au gouvernement, a dit M. Martin, qui n'écarte pas une reprise de la grève.

«On n'exclut rien du tout», a-t-il résumé.

Au bureau du ministre Moreau, on a préféré ne pas commenter la prise de position du syndicat, hier. On souhaite d'abord connaître l'issue du vote des membres.