Des chefs de cabinet du gouvernement Couillard ont obtenu en 2016-2017 des augmentations de salaire dépassant largement celles qui ont été accordées à l'ensemble de la fonction publique.

Le traitement d'un chef de cabinet ministériel, un employé politique, est à la discrétion de son patron, le ministre, à condition de ne pas crever un plafond de 148 000 $. Mais selon les documents mis en ligne récemment par le Conseil exécutif, plusieurs de ces employés ont obtenu bien plus que l'augmentation de 1,5% prévue pour la fonction publique, pour cette même année. En comparaison, les agents de la SQ se voient offrir 2,5% par année et les ingénieurs du gouvernement sont en grève parce qu'ils réclament 2,7%. La publication de ces informations, normalement diffusées le 1er mai, accuse cette année plusieurs semaines de retard.

Le Ministère publie aussi les salaires des mandarins nommés par le Conseil des ministres : Éric Martel, patron d'Hydro-Québec, avec 543 000 $ de salaire, avantages non compris, devient le mieux payé, coiffant Michael Sabia de la Caisse de dépôt, à 500 000 $. Alain Brunet, patron de la Société des alcools, gagne 410 000 $. Pierre Gabriel Côté, à Investissement Québec, n'est pas loin, à 403 000 $.

Le chef de cabinet du premier ministre, Jean-Louis Dufresne, gagnait en 2016-2017 209 000 $, comme l'année précédente. Son allocation annuelle pour dépenses de fonction, remboursées sur pièces justificatives, est toutefois passée de 2400 à 4800 $.

Des grincements de dents s'étaient fait entendre il y a quelques mois quant au traitement des employées politiques par rapport à leurs collègues masculins. 

Les femmes ont eu pour l'exercice financier clos en mars 2017 les plus fortes augmentations, sans égard à l'importance de leur ministère.

En hausse partout

Marie-France Daoust, au Tourisme, a eu une augmentation de 5000 $, à 145 500 $ - il y a deux ans, son salaire était de 120 000 $. Valérie Rodrigue, au cabinet de l'Éducation, passe de 125 000 à 140 000 $, une augmentation de 12%.

Gabrielle Collu, chef de cabinet du ministère lilliputien des Forêts, obtient 135 000 $, soit 10 000 $ de plus. Daria Hobeika, chef de cabinet de Jean-Marc Fournier aux Relations canadiennes, a droit à une augmentation de 6%, passant à 133 500 $.

Laura Lizotte, chef de cabinet de Laurent Lessard, passe de 130 000 à 145 000 $, une hausse de 12% - son patron, il faut le rappeler, cumule deux ministères importants, celui des Transports et celui de l'Agriculture. François Émond, chef de cabinet de Pierre Arcand à l'Énergie, a eu une augmentation de 7%, son salaire est passé de 135 000 à 144 000 $.

Pierre Millette, chef de cabinet de Dominique Vien au Travail, aura 145 000 $, une hausse de 4%. Gabriela Quiroz, à l'Environnement, passe de 110 000 à 130 000 $, une hausse de 18 %. Nathalie Roberge, bras droit de Stéphanie Vallée à la Justice, monte de 7% à 145 000 $.

Guillaume Caudron, aux Finances, touche 141 000 $, comme l'année précédente. Jean-François Hould aux Relations internationales et Stéphane Gosselin à l'Emploi n'ont pas eu d'augmentation non plus, avec 145 000 $ par année, non loin du plafond imposé par le Conseil exécutif.

Des libéraux touchent le pactole

Chez les mandarins, le premier fonctionnaire, Roberto Iglesias, gagne 318 000 $, une augmentation de 5000 $. Il bénéficie aussi d'une allocation non imposable de 1200 $ par mois pour ses séjours à Québec.

Le Conseil exécutif compte chez ses hauts salariés bon nombre d'anciens attachés politiques, qui bénéficient en outre d'une sécurité d'emploi blindée et d'un généreux fonds de pension.

Ex-député libéral, Georges Farrah, responsable des affaires maritimes, gagne 182 000 $ par année. André Fortier, responsable des emplois supérieurs et ancien bras droit de Claude Ryan, gagne 207 000 $. Marie Gendron, libérale et ex-présidente de la Commission jeunesse du PLQ, a droit à 179 000 $, Pierre Hamelin, ancien chef de cabinet de Michel Audet aux Finances, à 207 000 $. Christian Lessard, secrétaire général associé aux communications, ancien du cabinet Charest et organisateur de la campagne de Philippe Couillard, se voit accorder 214 000 $. 

Longtemps bras droit du ministre Jean-Marc Fournier, Jean-Philippe Marois gagne 183 000 $ pour s'occuper de réforme électorale et d'accès à l'information. Isabelle Mignault, ex-chef de cabinet de Martin Coiteux, gagne 153 000 $ pour s'occuper de la jeunesse. Pietro Perrino, proche de la campagne Couillard, dans l'orbite de Daniel Johnson, reçoit 183 000 $ pour s'occuper du comité ministériel sur l'économie.

Suzanne Lévesque, aux Affaires intergouvernementales canadiennes et ex-chef de cabinet de Gil Rémillard, gagne 158 000 $. Un seul ancien péquiste dans le groupe, Gilbert Charland, ex-chef de cabinet de Lucien Bouchard, est quant à lui rétribué 214 000 $ par année.