Le premier ministre Philippe Couillard envisage d'augmenter le nombre de congés payés prévus à la Loi sur les normes du travail.

Son homologue de l'Ontario, Kathleen Wynne, a annoncé mardi un projet de réforme faisant passer à trois semaines les congés annuels rémunérés après cinq années auprès du même employeur. À l'heure actuelle, la loi ontarienne prévoit deux semaines de vacances après un an de service continu.

Mme Wynne a également présenté une hausse du salaire minimum à 15 $ l'heure d'ici janvier 2019.

« La proposition sur le salaire minimum, la proposition sur les vacances, on trouve tout ça très intéressant », a réagi Philippe Couillard, à son arrivée à une réunion du caucus libéral. Mais clairement, il montre davantage d'intérêt pour la seconde proposition.

« Pour ce qui est de la semaine de vacances de plus, ce que je constate, ce que mes candidats me disent, ce que mes députés me disent, c'est que les jeunes familles particulièrement ont besoin de temps. (Quand) on leur demande de quoi ils ont besoin, ils ont besoin de plus d'argent, tout le monde voudrait plus d'argent. Mais avant tout, les gens veulent du temps pour leur famille, pour leurs enfants. Et ce type de politique-là m'intéresse », a-t-il soutenu.

Le premier ministre a toutefois cherché à ne pas gonfler les attentes. L'ajout de congés payés, « on va le regarder de façon très prudente ». « Je ne suis pas en train de vous annoncer qu'on va faire ça, a-t-il ajouté. On annonce un intérêt pour ça. Ça nous intéresse de regarder cette proposition-là, compte tenu du fait que les jeunes familles sur le terrain demandent avant tout, souvent plus qu'autre chose, du temps. »

Il a rappelé que la ministre du Travail, Dominique Vien, révisera la Loi sur les normes du travail et que la conciliation travail-famille est un enjeu important. La dernière réforme remonte à 2002. On avait fait passer de cinq à dix le nombre de jours de congé, sans salaire, pour obligations familiales. La loi actuelle prévoit trois semaines de congés payés après cinq ans de service continu (deux semaines pour un à cinq ans).

Lors du Rendez-vous national sur la main d'oeuvre organisé par M. Couillard en février, les chefs syndicaux avaient demandé l'ajout à la Loi sur les normes du travail de congés rémunérés pour obligations familiales. « On ne peut occulter la question de la conciliation travail-famille » dans le cadre de la réforme de la Loi, avait alors répondu la ministre Vien. « Jusqu'où nous pourrons aller ? C'est une autre paire de manches. »

Pour ce qui est du salaire minimum, le gouvernement Couillard a déjà annoncé son plan de match d'ici 2020. Il passera de 11,25$, le taux en vigueur depuis le 1er mai dernier, à 12,45$ dans trois ans, afin d'atteindre un ratio équivalant à 50% du salaire horaire moyen. L'écart avec le salaire minimum ontarien (actuellement de 11,40$) grandira donc au fil des ans.

« Il faut que vous regardiez l'ensemble des politiques redistributives québécoises et vous allez constater que même avec cet ajustement (en Ontario),  c'est encore beaucoup plus avantageux au Québec compte tenu de l'ensemble des autres politiques publiques », a plaidé M. Couillard.

Il se dit néanmoins « toujours à l'écoute de ce qui se fait ailleurs ». « On va regarder attentivement quel va être l'impact en Ontario, on est dans le même espace économique. Ça nous intéresse d'aller plus loin dans la lutte à la pauvreté », a-t-il dit, rappelant que le ministre de l'Emploi et de la Solidarité sociale, François Blais, déposera un plan d'action sur le sujet cet automne. L'objectif du gouvernement est de « sortir 100 000 personnes de la pauvreté ».