Métro Beaubien, hier. Gabriel Nadeau-Dubois interpelle les gens non pas pour les inviter à voter pour lui à l'élection partielle de lundi, dans Gouin, mais pour leur tendre une invitation à une consultation citoyenne dans une cour d'école, demain.

« Une campagne électorale, ça ne doit pas servir qu'à faire sortir le vote, dit-il en guise d'explication. De toute façon, les gens sont bien au fait qu'il y a élection lundi. »

Il assure que sa stratégie ne signifie en rien qu'il tient sa victoire pour acquise. « Pour un parti de gauche, un château fort, ça n'existe pas. »

Québec solidaire, qui était représenté jusqu'ici par Françoise David, a de fait mené une vraie campagne. Dans le local électoral, au tableau noir, un thermomètre indique que l'équipe en est à 13 000 personnes contactées par téléphone ou rencontrées lors de porte-à-porte sur un objectif de 15 000. En fin de semaine, 6000 dépliants seront distribués dans autant de foyers. « Il n'y en aura pas de facile », est-il écrit au tableau.

Gabriel Nadeau-Dubois est conscient qu'il bénéficie du grand capital de sympathie de Françoise David, qui se trouve d'ailleurs à ses côtés au métro Beaubien. Plutôt que de penser que sa popularité joue beaucoup en sa faveur, il se dit étonné que les électeurs ne se montrent pas plus négatifs à son égard, « avec tout ce qui a été dit sur [lui], avec toutes les théories qui circulent sur [s]a personnalité ».

« Il serait étonnant qu'il ne soit pas élu », dit Françoise David.

Oui, « si tout va bien, on devrait gagner », croit Gabriel Nadeau-Dubois.

S'il gagne, il promet de tenir régulièrement des consultations publiques et de participer à des assemblées de cuisine de groupes de citoyens qui en feront la demande. « Comme Françoise David, je serai un député de terrain. »

Alors que le Parti québécois lui a laissé le champ libre en ne lui présentant pas d'opposant, le candidat solidaire relève que le Parti libéral a été très présent dans la course.

« Philippe Couillard est venu deux fois dans la circonscription, Martin Coiteux y est aussi passé, tout comme beaucoup d'autres ministres », note Gabriel Nadeau-Dubois. « Le candidat libéral a d'ailleurs mené une belle campagne », reconnaît-il.

UN CANDIDAT LIBÉRAL ATYPIQUE

Cet adversaire, c'est Jonathan Marleau, qui se décrit comme un candidat libéral atypique. Ancien carré rouge, il termine ses études en sciences sociales à l'UQAM et il met en avant le fait qu'il est Noir, membre de la communauté LGBT et qu'il a grandi dans une famille à faible revenu.

En entrevue, M. Marleau relève aussi qu'il a été président de la Commission-Jeunesse du Parti libéral et, partant, qu'il n'a jamais hésité à combattre certaines décisions avec lesquelles il n'était pas d'accord. « Un parti politique, c'est un véhicule, mais c'est aussi un lieu de débat », fait-il valoir.

Pourquoi les pancartes électorales du Parti libéral sont-elles si petites ? lui demande-t-on. Un choix délibéré, dit-il. « Les pancartes ont été conçues pour les gens qui circulent à pied, ce qui se fait beaucoup dans La Petite-Patrie. »

« LE SEUL CAQUISTE DE GOUIN »

Tout comme Gabriel Nadeau-Dubois et Jonathan Marleau, le caquiste Benjamin Bélair, professeur de philosophie au collège Montmorency, à Laval, explique que sa grande priorité, c'est l'éducation, avec une attention toute particulière aux enfants présentant des difficultés d'apprentissage.

M. Bélair propose aussi une réduction du fardeau fiscal des familles, de même que « des soins dignes pour les aînés », autant de thèmes chers à la Coalition avenir Québec.

Il ne cache pas que Gouin n'est pas d'un naturel très caquiste. Au début de mai, il a même lancé à la blague qu'il était « probablement le seul caquiste de Gouin ».

« Québec solidaire y est très bien implanté, a-t-il dit hier. Ce n'est pas une circonscription facile, mais je suis content de démystifier la CAQ, de combattre les préjugés que les gens peuvent avoir à son égard. »

Au total, 10 autres candidats se présentent dans Gouin lundi. Parmi les tiers partis en présence se trouve le Parti indépendantiste, dont la pancarte a été retirée pendant un moment par la police avant d'être autorisée.

« Choisissez votre Québec », était-il écrit sur la pancarte d'Alexandre Cormier-Denis.

Faite de deux images, elle présentait d'un côté une jeune femme portant un bonnet de laine bleu décoré d'un petit drapeau du Québec et de l'autre, une femme portant un niqab.

L'affiche n'a été aperçue nulle part, hier.