C'est le talent de ses gens qui fera en sorte que le Québec sera capable de se tailler une place importante dans ce domaine hautement compétitif et prometteur qu'est l'intelligence artificielle, a déclaré lundi le premier ministre Philippe Couillard en annonçant la mise sur pied d'un comité qui va guider la création d'une grappe québécoise dans ce secteur.

Ce comité d'experts sera composé de 12 personnes issues des domaines universitaire et d'affaires. Il sera coprésidé par Pierre Boivin, président et chef de la direction de Claridge, et de Guy Breton, le recteur de l'Université de Montréal.

Le gouvernement avait déjà annoncé une somme de 100 millions sur cinq ans pour le développement de cette grappe.

Ce dernier a aussi pour mission de lancer «prochainement» l'Institut de l'intelligence artificielle.

Selon le gouvernement, la «grappe» sera une espèce d'écosystème qui sera le lien entre les chercheurs et l'industrie. Elle vise la recherche, la formation et l'innovation en intelligence artificielle ainsi que la création d'entreprises, non seulement pour effectuer de la recherche fondamentale, mais aussi de la recherche pratique pour répondre aux besoins des entreprises ou encore pour développer de nouveaux produits et aider à les mettre en marché.

En termes de projets concrets, on peut penser ici à des fauteuils roulants automatisés, capables de se déplacer seuls ou de répondre à des commandes verbales, à des algorithmes pouvant analyser des données complexes dans le secteur médical, ou encore à des scans médicaux pouvant déceler par eux-mêmes des tumeurs.

Selon le premier ministre Couillard, présent lors de l'annonce lundi à Montréal avec deux de ses ministres, la grappe permettra de positionner avantageusement Montréal et le Québec en tant que pôles économiques et scientifiques de premier plan.

Le gouvernement insiste aussi que son but est d'augmenter la part du privé dans la recherche.

Se faisant dire que la compétition est féroce, et que des gouvernements un peu partout investissent massivement dans le secteur - notamment à Toronto - le premier ministre s'est fait demander comment le Québec pourra tirer son épingle du jeu.

La réponse de M. Couillard a été double.

D'abord, il soutient que Montréal n'est pas en compétition avec Toronto, mais plutôt que des collaborations peuvent exister entre les deux villes et leurs experts, et travailler en réseau.

Et puis, c'est le talent innovateur des Québécois qui fera une différence, croit-il.

Il a fait valoir que Microsoft et Google ont annoncé des investissements récemment au Québec plutôt qu'à Silicon Valley. Parce que le talent se trouve ici, a rapporté M. Couillard après avoir posé la question à des dirigeants de ces deux joueurs majeurs.

«Les résultats ne sont pas nécessairement directement proportionnels à la quantité d'argent qu'un gouvernement décide de mettre là-dedans. Ça dépend surtout du talent», a-t-il dit.

À ce sujet, il a donné une indication de l'utilisation des sommes investies par l'État québécois: «le gros de l'argent ira à engager des professeurs et à l'exposition de nos jeunes à ces disciplines-là».

La ministre de l'Économie, de la Science et de l'Innovation, Dominique Anglade, a renchéri en soulignant que l'Université de Montréal et l'Université McGill ont 150 chercheurs et étudiants au doctorat dans des domaines reliés à l'intelligence artificielle.

«C'est la plus grande concentration académique au monde», a-t-elle dit.

L'intelligence artificielle est un élément déterminant qui influencera les façons de faire et les modèles d'affaires des entreprises, a-t-elle ajouté. Selon elle, «les innovations découlant de l'intelligence artificielle transformeront l'ensemble de la société».

Plusieurs institutions vont participer à la grappe québécoise, notamment l'Institut des algorithmes d'apprentissage de Montréal (MILA), lié à l'Université de Montréal, le Centre for Intelligent Machines (CIM) de McGill et Ivado, l'Institut de valorisation des données.