Le gouvernement Couillard a voté, jeudi, contre une motion que le Parti libéral avait pourtant appuyée il y a cinq ans, condamnant le rapatriement de la Constitution en 1982.

La motion présentée par l'opposition officielle rappelait la promulgation de la Loi constitutionnelle, il y a 35 ans, sans l'accord du Québec.

L'Assemblée nationale réaffirmait ainsi «formellement qu'elle n'a jamais adhéré à cette loi qui a eu pour effet de diminuer les pouvoirs et les droits du Québec sans son consentement et que la Loi constitutionnelle de 1982 demeure toujours inacceptable pour le Québec», pouvait-on lire.

Mais le leader du gouvernement en Chambre, Jean-Marc Fournier, a refusé son consentement pour en débattre, ce qui a suscité un tollé dans les banquettes du Parti québécois.

Le chef péquiste Jean-François Lisée a rappelé que le PLQ avait pourtant appuyé la même motion il y a cinq ans. II s'est insurgé du fait que le premier ministre Philippe Couillard a rompu l'unanimité de la Chambre pour cette condamnation.

«Le gouvernement québécois actuel est le plus fédéraliste de l'histoire du Parti libéral du Québec, mais il ne l'avait jamais affirmé avec autant de clarté», a dit le chef de l'opposition en conférence de presse à la sortie de la Chambre.

«C'est une indication extrêmement parlante de l'affaiblissement que le Québec subit dans la fédération à cause de l'idéologie de M. Couillard, qui finalement s'accommode des reculs du Québec, perd toutes ses batailles avec Ottawa, que ce soient celles sur les transferts sociaux en santé, celles sur l'investissement dans Bombardier, celles sur une compensation pour Muskrat Falls. Il perd toutes ses batailles», a-t-il ajouté.

M. Lisée a aussi rappelé que son adversaire libéral avait pourtant déclaré en campagne électorale en 2014 qu'il voulait réparer le tort de 1982 et, à l'occasion du 150e anniversaire du Canada, cette année, renégocier la Constitution pour la faire signer par le Québec.

Pour sa part, Jean-Marc Fournier, qui est aussi ministre des Affaires intergouvernementales canadiennes, a justifié le refus de la motion en invoquant le fait qu'il voulait y faire deux amendements, qui ont été refusés par le PQ.

L'un d'entre eux constatait le progrès économique, social et culturel du Québec et l'autre reconnaissait que le fédéralisme canadien a permis au Québec de réussir son projet de construction nationale.

Selon M. Fournier, la «reconnaissance de la diversité du Québec» est maintenant acquise, alors que la non-reconnaissance de cette diversité était à l'origine notamment de son refus de signer en 1982.

«Il faut affirmer que nous l'avons construite, cette identité nationale, et je suis surpris que le Parti québécois refuse que l'Assemblée reconnaisse les progrès économique, social et culturel du Québec et refuse de reconnaître qu'on a pu construire cette identité nationale», a-t-il dit en conférence de presse avant même la présentation de la motion.