À la veille du dépôt du budget de Carlos Leitão, l'opposition officielle craint le pire : les libéraux condamneraient les Québécois à vivre une année d'austérité supplémentaire, pour ensuite distribuer les cadeaux en 2018, en vue des élections d'octobre.

Selon le porte-parole du Parti québécois aux finances, Nicolas Marceau, le gouvernement Couillard « gaspillerait » ainsi les réinvestissements attendus en santé et en éducation dans toutes sortes de dépenses non récurrentes pour 2017, avant d'arriver avec des « bonbons électoraux » en 2018.

La Coalition avenir Québec (CAQ) demande également un réinvestissement dans les services publics, en plus d'une baisse d'impôt de 1000 $ pour les familles de la classe moyenne.

Dans une entrevue avec La Presse canadienne, M. Marceau a affirmé qu'il faut d'abord et avant tout réinvestir les 3,2 milliards qui ont été amputés en deux ans notamment en santé et en éducation.

« Le surplus récurrent de cette année doit être réinvesti de façon récurrente », a insisté M. Marceau.

Son chef, Jean-François Lisée, a renchéri lors d'une conférence de presse lundi. Si le financement du système d'éducation avait été maintenu, il y aurait eu 2,2 milliards $ de plus par an. «Si les libéraux veulent réparer leurs dégâts, ils devraient annoncer 2,2 milliards $ d'investissements récurrents, mais aussi en santé, en protection de la jeunesse, en logement social», a-t-il déclaré.

Le député de Rousseau redoute par ailleurs « l'opacité » du projet de Réseau électrique métropolitain (REM) de la Caisse de dépôt et placement, dans lequel Québec investirait au moins 1,2 milliard.

Il s'inquiète de l'impact de ce modèle inédit de montage financier sur les finances publiques et du rendement éventuel anticipé par le gouvernement sur son investissement. De même, M. Marceau craint que les contribuables soient taxés pour les 200 à 300 millions manquants dans le montage financier.

L'ancien ministre péquiste des Finances se préoccupe par ailleurs de la baisse constante des investissements des entreprises année après année, particulièrement en machines et équipements. Il s'inquiète également d'une autre diminution des exportations du Québec.

Pour sa part, la CAQ exige aussi le rétablissement du financement des services publics. « On a voulu saigner l'éducation et la santé, on a affecté énormément les services », a déclaré le porte-parole caquiste en matière de finances, François Bonnardel, dans un entretien téléphonique avec La Presse canadienne.

Il dresse un portrait sombre de la situation économique : le revenu moyen disponible au Québec est le plus bas au Canada, l'écart moyen entre les revenus du Québec et de l'Ontario s'est accentué, 36 % des faillites au Canada ont lieu au Québec, le taux d'endettement des ménages est parmi les plus hauts, etc.

«On reste les plus taxés et imposés en Amérique du Nord, c'est assez! Le retour à l'équilibre budgétaire a été fait sur le dos des contribuables. Les organismes communautaire ne soutiennent plus seulement les plus défavorisés, mais des familles de la classe moyenne», a-t-il dit.

De son côté, Québec solidaire met en garde la population contre la prétention du gouvernement libéral de réinvestir dans les services. Selon la députée Manon Massé, il ne s'agit pas d'un réinvestissement.

«Je fais une grande différence entre un réinvestissement et un rétablissement des sommes qui ont été amputées, a-t-elle affirmé dans une entrevue téléphonique, lundi. Ce n'est pas parce que les ministres répètent 100 fois le mot réinvestissement que cela devient une vérité. (...) Un réinvestissement, c'est d'en ajouter plus qu'il y en avait avant.»

Québec solidaire réclame notamment qu'on comble le manque à gagner cumulé depuis 2014 dans le réseau des Centres de la petite enfance, dans les services aux élèves en difficulté dans les écoles, mais aussi le financement de 7000 places dans les CHSLD.

M. Bonnardel a renouvelé la demande de la CAQ d'alléger de 1000 $ le fardeau fiscal des foyers gagnant moins de 140 000 $ par an.

Le parti souhaite aussi remettre 100 $ aux familles pour les achats scolaires et accorder un meilleur soutien aux élèves en difficulté.

Quant au PQ, il réclame notamment la mise en place d'une trousse scolaire gratuite pour les enfants à la rentrée, comme ce qui se fait en Ontario, soit l'équivalent de 150 $ par élève.

L'opposition péquiste réclame aussi la bonification pour un montant de 100 $ supplémentaire du crédit d'impôt solidarité, pour aider les ménages à encaisser la hausse du coût des denrées.

Les péquistes veulent également rétablir l'universalité des frais de service de garde à 7,30 $ par jour.

Enfin, le PQ veut réinvestir 10 pour cent du dépôt au Fonds des générations de cette année, soit 250 millions $, pour doter d'internet à haute vitesse les régions qui n'en sont pas encore pourvues, en vue d'aider l'entrepreneuriat local.