Le ministère des Transports du Québec (MTQ) essuie une bonne bordée de critiques à l'Assemblée nationale pour sa gestion de la tempête qui a balayé le Québec et causé des perturbations majeures.

«Clairement, il faut qu'on révise ça», a lancé le premier ministre Philippe Couillard. «C'est peut-être quelque part exceptionnel d'accord, mais la réaction doit être proportionnelle au problème».

Il a constaté en particulier un problème de communication et de coordination. «Je me mets à la place du monde qui aujourd'hui encore sont pognés dans leur auto et n'ont aucune idée de ce qui va arriver. Le moins que l'on puisse faire, c'est d'informer comme il faut, voir que ça arriver et déployer les services. Mais on ne peut pas faire l'impossible, transformer une tempête exceptionnelle en tempête ordinaire. Tout le monde s'entend là-dessus.» Il a cependant rappelé qu'«on le savait que la tempête s'en venait».

«Il faut faire mieux et mieux se coordonner» entre les différentes organisations : le ministère, les corps policiers et les municipalités. Avec un grand nombre de véhicules enlisés dans la neige sur les routes, il faut «faire appel à la sécurité civile pour communiquer avec le monde et leur porter secours», a-t-il insisté. «Disons qu'il y a quelqu'un qui est malade, qu'est-ce qu'on va faire pour aller la chercher ? Comme citoyen et premier ministre, c'est quelque chose qui me préoccupe».

À Montréal, près de 300 véhicules sont coincés sur l'autoroute 13 Sud entre la 40 et la 20, par exemple. Certains le sont depuis mardi soir, enlisés dans la neige. Or le MTQ a attendu à 4h pour demander l'aide des pompiers de la Ville.

Après avoir porté secours aux automobilistes et réglé les problèmes de circulation, le gouvernement «va regarder bien froidement comment ça s'est fait» et «tirera des leçons». «Au moins, la prochaine fois, on réagira plus rapidement», a dit M. Couillard.

Un peu plus tôt, le ministre des Transports, Laurent Lessard, a paru sur la défensive lors d'une mêlée de presse, mercredi, à l'entrée d'une réunion du caucus libéral. Il s'est dit «préoccupé» par les perturbations liées à cette tempête «sans précédent». «J'ai des questions à poser au ministère», a-t-il fait savoir. «La coordination n'a pas été parfaite» selon lui. Mitraillé de questions, il a lâché qu'il n'est «jamais satisfait du service qu'on donne», mais qu'«en général ils ont bien fait les choses dans certaines régions».

Le ministre de la Sécurité publique, Martin Coiteux, entend faire un «post-mortem» pour voir s'il y a «des choses à améliorer». «On déplore que des incidents comme ça aient eu lieu», a-t-il dit, rappelant qu'il s'agissait de «circonstances difficiles» et «exceptionnelles». Il a insisté : «toutes les équipes ont été déployées» pour venir en aide aux automobilistes. «On peut toujours faire mieux. La tempête d'hier était monumentale, elle a causé des problèmes graves. Est-ce que notre réponse a été la meilleure possible ? C'est ce qu'on va analyser pour faire mieux dans l'avenir.»

Pour le chef de l'opposition officielle, Jean-François Lisée, «il y a un bris dans le devoir de vigilance des services du MTQ».

«Cette tempête-là n'a pris personne par surprise, et n'aurait dû prendre personne par surprise au MTQ», a ajouté le leader péquiste. «Je m'attends à ce que le ministère des Transports nous fasse un constat de la situation, qu'est-ce qui n'a pas marché, pourquoi ça n'a pas marché, est-ce que les effectifs étaient au rendez-vous, est-ce que les budgets étaient au rendez-vous, est-ce que ça a été bien prévu... Et ce n'est pas normal que, dans une tempête qui a été annoncée trois, quatre jours à l'avance, des services gouvernementaux ne soient pas vigilants pour venir en aide à ce qui est totalement prévisible.»

La Coalition avenir Québec condamne la «gestion chaotique». Au MTQ, «il y a certainement des gens qui méritent un coup de pied au derrière aujourd'hui», a-t-il lancé le député François Bonnardel. La tempête du siècle de 1971, on pouvait comprendre, mais on est en 2017 !». «Je dirais une chose au MTQ: sortez les Ski-Doos, les motoneiges, les quatre roues, mais allez aider les gens. Ça n'a aucun sens que les gens attendent 10 heures dans leur voiture, pas capables d'aller les chercher... C'est inconcevable que le MTQ, la SQ, les instances provinciales n'aient pas été capables d'aller aider ces gens qui étaient pris dans leur voiture dans une tempête qui était annoncée depuis 48 heures ou presque.»