Le gouvernement Couillard a autorisé TransCanada à réaliser deux sondages géotechniques dans un milieu humide même si l'entreprise n'a pas répondu à toutes ses questions sur le projet Énergie Est.

Québec a délivré un certificat d'autorisation à la société albertaine le 19 septembre dernier pour qu'elle mène deux forages aux abords de la rivière du Nord, à Saint-André-d'Argenteuil. Les travaux ont été effectués en octobre.

L'opération a permis à l'entreprise de prélever deux carottes de terre afin de mieux connaître la composition du sol dans lequel l'oléoduc traversera le cours d'eau. Une étape nécessaire dans le processus de présentation du projet de 16 milliards aux autorités réglementaires, a expliqué le porte-parole de TransCanada, Tim Duboyce.

«C'est afin de compléter la demande du projet parce qu'il y a un certain nombre d'endroits où nous n'avons pas encore précisé des détails comme la façon de traverser les cours d'eau parce que des travaux comme ceux-là sont toujours à faire», affirme M. Duboyce.

Le ministre de l'Environnement, David Heurtel, a autorisé ces travaux même si TransCanada n'avait pas entièrement répondu à une série de questions qu'il avait posées au sujet de son projet.

En juin, l'entreprise a remis une étude d'impact qui devait servir de point de départ à l'examen du Bureau des audiences publiques sur l'environnement (BAPE). M. Heurtel a posé 200 questions à TransCanada et attend - à ce jour - d'obtenir des réponses avant de lancer le processus d'examen.

Au bureau du ministre, on assure que les travaux menés à Saint-André-d'Argenteuil respectent «l'intégralité des exigences du Ministère en la matière». Ils étaient également conformes aux recommandations d'un comité d'experts mis sur pied pour conseiller le gouvernement dans son étude d'Énergie Est.

Pourquoi avoir autorisé des forages exploratoires sans avoir obtenu des réponses satisfaisantes de TransCanada au sujet de son étude d'impact?

«Les forages autorisés dans un contexte de sondages géotechniques permettent notamment de documenter les méthodes de travail qui sont analysées dans le cadre de l'étude d'impact, en vue du choix d'un éventuel tracé», a répondu la porte-parole du ministre, Émilie Simard.

Le porte-parole de TransCanada, Tim Duboyce, assure pour sa part que les travaux à la rivière du Nord n'ont rien à voir avec les interrogations de Québec sur l'étude d'impact d'Énergie Est.

«On parle de pommes et d'oranges, a résumé M. Duboyce. Les travaux préparatoires sont menés pour terminer l'avis de projet, ou la demande de projet. Il faut bien saisir la composition du terrain pour établir quelle technique nous allons appliquer pour traverser le cours d'eau.»

Mais pour le porte-parole de Greenpeace, Patrick Bonin, Québec fait preuve de «complaisance» à l'égard du promoteur. Il s'explique mal que Québec «déroule le tapis rouge» à l'entreprise alors qu'il attend toujours des réponses à ses questions sur l'étude d'impact.

«L'entreprise ne devrait pas être en train de dépenser de l'argent à faire du lobbying, des relations publiques, des travaux sur le terrain, alors qu'elle n'a même pas été en mesure de présenter une étude d'impact qui permet de bien présenter l'ensemble des risques qui viendraient avec ce projet», a souligné M. Bonin.