La circonscription de Manon Massé restera finalement intacte, a confirmé jeudi le Directeur général des élections du Québec (DGEQ) en présentant la version finale de la refonte de la carte électorale.

Sainte-Marie-Saint-Jacques était appelée à fusionner avec une partie de Westmount-Saint-Louis pour former Ville-Marie dans la dernière proposition de la Commission de la représentation électorale, déposée le mois dernier.

Ce projet a suscité un tollé puisque la nouvelle circonscription aurait fait disparaître l'un des trois sièges détenus par Québec solidaire. Mme Massé, des leaders du Village gai et même le maire de Montréal, Denis Coderre, ont exprimé leur opposition à la refonte.

Le DGE a finalement choisi de s'en tenir à sa proposition initiale, déposée en 2015. Ce sont les circonscriptions de Mont-Royal et d'Outremont, deux châteaux forts libéraux, qui seront fusionnées. La nouvelle circonscription sera appelée Mont-Royal-Outremont.

La députée solidaire s'est réjouie ce matin de la décision de la Commission de la représentation électorale (CRE) de conserver intacte sa circonscription du quartier Centre-Sud. «Aujourd'hui, c'est eux et elles qui ont gagné !», s'est exclamée une Manon Massé triomphante en montrant ses nombreux militants qui l'acclamaient en point de presse.

«Les gens de Sainte-Marie-Saint-Jacques ont été capables de se faire entendre dans un contexte pas facile ! On a eu trois semaines pour se dire, se nommer, s'expliquer. Encore une fois, le monde ordinaire [a] pris leurs moyens. Par la poésie, par les chants, par les mobilisations, par la rue. Par la rue ! Par des pétitions. Le fier monde, c'est toujours de même qu'on s'est exprimé. Là où l'élite ne veut pas nous entendre, on trouve nos moyens à nous autres. Et on y est arrivé cette fois-là. Bravo.»

Manon Massé reconnaît que ce «cran de sécurité a fonctionné» cette fois, mais appelle la CRE et le DGEQ à faire le «bilan de l'expérience pour s'assurer que ça n'arrivera pas à d'autres dans huit ans». « Il ne faudrait pas un drame de même à chaque fois ! C'est épuisant émotivement. C'est angoissant, c'est stressant», a-t-elle témoigné.

Selon la députée, il ne faudrait plus qu'il y ait de «grands trous» entre la première proposition de réforme de la carte électorale et la version finale, autrement les « 125 comtés vont aller faire des représentations dans le cadre des consultations pour s'assurer d'énoncer leur particularité», plaisante-t-elle. D'autre part, Manon Massé n'a «aucune raison de croire» que les deux institutions électorales ne sont pas indépendantes.

Manon Massé a profité de l'occasion pour réitérer l'importance de mettre en place un mode de scrutin proportionnel afin d'améliorer la représentation des électeurs. «Il y a un chemin pour régler cette représentation effective, et ce n'est pas de tantôt mettre [une circonscription] là pour en remettre là, et s'appelle un mode de scrutin proportionnel mixte. [...] La planète entière est rendue à ce mode de scrutin là!», a martelé l'élue solidaire.

Maurice Richard honoré

Autre changement : le DGEQ confirme que la circonscription de Crémazie, dans le nord de l'île de Montréal, sera rebaptisée Maurice-Richard pour souligner la mémoire du légendaire joueur du Canadien.

Plusieurs avaient réclamé ce changement au cours des derniers mois, puisque le « Rocket » avait habité le quartier Ahuntsic, qui se trouve dans la circonscription. Le maire Denis Coderre avait d'ailleurs intercédé auprès du DGEQ en faveur du projet.

La députée libérale de Crémazie, Marie Montpetit, avait elle aussi fait campagne pour que son siège soit renommé. Elle s'est réjouie de la décision du DGEQ.

« Rebaptiser la circonscription en sa mémoire est une formidable façon de marquer l'important héritage du "Rocket", mais également pour l'ensemble des Ahuntsicois dont il est le plus grand ambassadeur », a déclaré Mme Montpetit dans un communiqué. 

Un siège de moins en Mauricie

Le DGEQ a également confirmé la disparition d'une des cinq circonscriptions de la Mauricie, des sièges qui sont tous détenus par le Parti libéral.

Saint-Maurice va ainsi être rayé de la carte électorale. Mais après des représentations des élus libéraux, les délimitations des quatre circonscriptions restantes ont été légèrement remodelées afin que les sièges soient plus représentatifs des « communautés naturelles ».

La disparition des sièges en Mauricie et sur l'île de Montréal permet d'ajouter deux nouvelles circonscriptions dans les Laurentides, région dont la population connaît la plus forte croissance au Québec. Il s'agit de Prévost et des Plaines.

Les libéraux acceptent

Même si le Parti libéral perd deux sièges au terme de l'exercice, le gouvernement Couillard n'a pas l'intention de contester la refonte de la carte électorale ni de légiférer pour en suspendre l'application.

Au bureau de la ministre responsable des Institutions démocratiques, Rita de Santis, on fait valoir que le résultat final de la refonte prouve que le processus de consultation du DGEQ fonctionne.

« La ministre était sortie pour dire que, dans le second rapport, le DGEQ encourageait les gens à commenter son projet, a rappelé la porte-parole de la ministre, Laurence Tôth. Le DGEQ était ouvert à la participation citoyenne et le DGEQ a répondu. »