L'association péquiste de Gouin est divisée quant à l'idée de présenter ou non un candidat à l'élection partielle rendue nécessaire par le départ de Françoise David. Elle se dit « en mode électoral jusqu'à nouvel ordre », laissant les coudées franches à son chef Jean-François Lisée.

Les membres du conseil exécutif de cette association se sont réunis mardi soir pour « discuter en long et en large de la situation dans Gouin », a indiqué à La Presse le président François Roberge, hier. Mais ils n'ont pas adopté une position à savoir si le parti devait faire campagne avec son propre candidat ou laisser le champ libre à Québec solidaire (QS) au nom d'une « convergence » des groupes souverainistes.

« Il y a des divergences, c'est clair, a reconnu M. Roberge. Il n'y a pas de position commune. » Il n'a pas voulu aller plus loin, plaidant qu'il s'agissait de discussions à huis clos. L'objectif de la rencontre était principalement de « prendre le pouls » des militants sur cette « situation délicate », ce « scénario hors du commun ».

L'association laisse la décision entre les mains de M. Lisée. « On va vivre avec la décision nationale », a résumé M. Roberge, qui a eu des discussions avec le chef et les dirigeants du parti.

Pour l'heure, « on se prépare à une campagne électorale », a-t-il indiqué. Il est parti à la recherche d'un local électoral et de candidats potentiels. L'état-major du parti n'a pas mis un frein à ses démarches.

LISÉE PRENDRA LE POULS DE SES TROUPES

Lundi soir, Jean-François Lisée prendra la température de ses troupes puisqu'il participera à un rassemblement militant dans un bar de Gouin. Le lendemain, son caucus se réunit à Montréal pour deux jours afin de préparer le retour à l'Assemblée nationale le 7 février. Ce sera l'occasion de discuter de la stratégie à adopter pour Gouin, voire de trancher la question. « On va peut-être prendre une décision à ce moment-là », affirmait M. Lisée plus tôt cette semaine. Il se disait « ouvert au dialogue avec Québec solidaire », ajoutant que « Gouin pos[ait] une opportunité ».

Lors du dernier congrès de QS, les militants se sont prononcés pour un dialogue avec les autres groupes souverainistes. Cependant, lors de l'annonce de son départ, Françoise David a clairement fait savoir que son parti présenterait son propre candidat dans Gouin. L'ex-leader étudiant Gabriel Nadeau-Dubois se dit toujours en réflexion.

Mercredi, le député Amir Khadir a exclu toute « alliance politique » avec le PQ et toute entente dans Gouin. Il a ajouté que « les péquistes [étaient] libres de présenter un candidat » et que « les citoyens de Gouin mérit[ai]ent d'avoir la variété la plus grande et le choix démocratique le plus complet ».

Lors d'une mêlée de presse à Montréal, hier, Jean-François Lisée s'est demandé si l'avis de M. Khadir était partagé par tous les officiels de QS. « Est-ce que c'est la volonté d'Amir seul ou est-ce Québec solidaire en général qui souhaite un candidat du PQ dans Gouin ? Je ne le sais pas », a-t-il affirmé.

M. Lisée a relevé que s'il rejette une alliance, Amir Khadir s'est dit ouvert à « un pacte, par exemple, de non-agression » entre les deux partis. « Ça me va », a dit le chef péquiste.

Gouin était un bastion péquiste avant que Françoise David ne s'en empare en 2012 après deux tentatives infructueuses. Elle a quitté la vie politique le 19 janvier dernier.

- Avec la collaboration d'André Dubuc, La Presse