Le député de la Coalition avenir Québec (CAQ) Claude Surprenant portera plainte à la police aujourd'hui contre une ancienne employée qui allègue avoir effectué du travail partisan alors qu'elle était rémunérée par l'Assemblée nationale. Il l'accuse, rapport juricomptable à l'appui, d'avoir volé des centaines de dollars du compte bancaire de son bureau de circonscription.

Julie Nadeau, l'ancienne attachée politique de M. Surprenant, s'est identifiée comme une « employée fantôme » de la CAQ au cours des derniers jours. Ses déclarations ont entraîné une enquête du commissaire à l'éthique sur deux députés de François Legault.

Or, dit le député Surprenant en entrevue, Mme Nadeau a été congédiée en décembre sur la recommandation de l'Assemblée nationale parce qu'elle s'est approprié des centaines de dollars du compte bancaire dont elle avait la responsabilité.

« Elle s'est tiré des chèques en sachant, probablement sciemment, que ça n'aurait pas dû être fait », affirme M. Surprenant.

Le député a fourni à La Presse un rapport juricomptable datant de novembre qui attribue à Mme Nadeau des « transactions irrégulières » qui ont entraîné un manque à gagner de 9500 $.

Plusieurs fois, Mme Nadeau s'est adressé un chèque sans fournir de pièces justificatives prouvant qu'elle avait effectué des dépenses pour le bureau. À cinq reprises, elle a invoqué un numéro de rapport de frais « inexistant » pour justifier un remboursement.

Le rapport met également en cause le travail de Mme Nadeau auprès d'un fournisseur, Transcontinental, à qui M. Surprenant avait acheté une publicité. Un premier chèque pour payer cette créance, daté du 30 juin 2015, s'est avéré sans provision. Mme Nadeau a écrit au fournisseur trois mois plus tard pour l'assurer qu'un chèque serait expédié le jour même. Le chèque a finalement été envoyé le 3 décembre et il s'est avéré sans provision lui aussi.

Le fournisseur a finalement été payé en mars 2016, après que Mme Nadeau eut quitté le bureau du député.

La juricomptable Manon Roy critique aussi le député, qui avait signé plusieurs chèques en blanc pour permettre à Mme Nadeau de payer des dépenses courantes en son absence. « Une telle pratique est directement contraire aux principes de base des processus de contrôle et, par conséquent, ne sert ni le bien-être du bureau de circonscription, ni l'intérêt public », écrit-elle.

Après que son institution financière eut menacé de fermer son compte, Claude Surprenant a versé 3200 $ de sa poche pour éviter l'émission de nouveaux chèques sans provision. Il s'attend aussi à devoir rembourser 5000 $ à l'Assemblée nationale à la fin de son mandat, en raison des sommes qu'il accuse Mme Nadeau d'avoir dérobées.

Le député dit avoir voulu trouver une solution à l'amiable pour régler le différend qui l'oppose à son ancienne employée et obtenir de sa part un remboursement. Il a finalement décidé de déposer une plainte formelle à la Régie intermunicipale Thérèse-de-Blainville aujourd'hui.

NADEAU NIE

Jointe hier, Julie Nadeau a formellement nié avoir puisé dans le compte bancaire de son ancien employeur. Elle a fait valoir que la juricomptable Manon Roy n'a jamais tenté de la joindre pendant son enquête pour recueillir sa version des faits.

Elle a aussi salué la décision de son ancien employeur d'alerter la police. Car elle soutient que c'est plutôt le député Surprenant qui a utilisé les fonds publics de manière inappropriée.

Julie Nadeau a déclaré cette semaine à Cogeco avoir travaillé lors de plusieurs élections partielles alors que son salaire était payé par les fonds publics. Elle a aussi allégué que des députés caquistes se sont fait complices du stratagème en organisant de fausses réunions pour lui permettre de réclamer des frais de déplacement.

Elle a quitté le bureau de Claude Surprenant en février dernier. Elle a été forcée de prendre un congé de maladie pour traiter un cancer.

Mme Nadeau est la conjointe de Yann Gobeil-Nadon. Cet ancien président de la Commission de la relève de la CAQ a révélé à La Presse avoir organisé une collecte de fonds du chef François Legault - une activité partisane - alors qu'il était rémunéré par l'Assemblée nationale.