Françoise David n'attendra pas les prochaines élections pour démissionner : la députée de Québec solidaire quitte immédiatement son siège de Gouin, parce que sa santé ne lui « permet plus d'assumer » ses responsabilités comme avant.

« J'arrête donc avant de tomber dans ce qu'on appelle le burn-out ou l'épuisement professionnel », a-t-elle dit, dans une allocution dans un local de sa circonscription montréalaise, devant un groupe de militants.

Mme David a ajouté qu'elle ne réclamerait pas d'allocation de transition. « Je pars à la retraite », a-t-elle dit, « donc je considère que je n'y ai pas droit et je ne la prends pas. »

« Je suis sereine : mon parti est en bonne santé et il est prêt à rebondir », a-t-elle indiqué. « La relève est prête à assumer les défis qui attendent Québec solidaire dans toutes les régions du Québec. »

Françoise David a cofondé la formation politique il y a 11 ans, en menant la fusion de son Option citoyenne avec l'Union des forces progressistes d'Amir Khadir. Les deux militants de gauche sont devenus les deux premiers députés de Québec solidaire. Ils ont été rejoints en 2014 par Manon Massé, élue dans Sainte-Marie-Saint-Jacques.

Mais cinq ans après avoir ravi la circonscription de Gouin au PQ, Mme David se dit épuisée.

« Je ressens depuis le début de l'automne 2016 une fatigue qui ne me quitte pas, a-t-elle dit. Je supporte de moins en moins le stress et le rythme inhérent à la vie politique. Le tourbillon médiatique m'épuise. »

Son collègue Amir Khadir a évoqué des maux de dos, des réunions durant lesquelles elle devait s'allonger pour poursuivre.

« Nous allons la regretter. Elle a été un élément important de Québec solidaire depuis le début, mais cette option politique existait avant elle, avant moi [...] alors elle nous survivra », a-t-il dit. Le député de Mercier a ajouté qu'il s'assurerait que Mme David continue à s'impliquer au sein de la formation politique, à défaut de siéger à l'Assemblée nationale.

Françoise David en quatre temps

Une famille très politisée

Françoise David naît en 1948 à Montréal dans une famille très liée à la politique. Son grand-père, Athanase David, a été député de Terrebonne pendant une vingtaine d'années, tandis que son père, le cardiologue Paul David, a été sénateur de 1985 à 1994.

Sa soeur Hélène David est aussi engagée en politique comme ministre de l'Enseignement supérieur dans le gouvernement de Philippe Couillard, tandis que son frère Charles-Philippe David, analyste en politique américaine, est titulaire de la Chaire Raoul-Dandurand en études stratégiques et diplomatiques de l'UQAM.

D'En lutte à Du Pain et des roses

Françoise David fait des études en service social, puis milite dans des mouvements de lutte sociale, dont l'organisation marxiste-léniniste En lutte !, de 1977 à 1982.

Coordonnatrice du Regroupement des centres de femmes du Québec au milieu des années 1980, elle est élue présidente de la Fédération des femmes du Québec (FFQ) en 1994. Elle organise la marche des femmes contre la pauvreté Du pain et des roses en 1995, ainsi que la marche mondiale des femmes contre la pauvreté, en 2000.

Le premier ministre Lucien Bouchard lui remet l'insigne de chevalière de l'Ordre national du Québec, en 1999, pour son engagement social.

L'engagement en politique

Elle quitte la tête de la FFQ en 2001 pour fonder le mouvement D'abord solidaires. Puis en 2004, le mouvement se transforme en parti politique, Option citoyenne. L'année suivante, en réponse au manifeste Pour un Québec lucide, elle est la signataire du manifeste Pour un Québec solidaire.

Son parti fusionne avec l'Union des forces progressistes pour former Québec solidaire, en 2006. Elle partage le titre de porte-parole avec Amir Khadir.

Après un échec à l'élection de 2007, Québec solidaire fait élire son premier député en 2008, avec M. Khadir dans Mercier. Quatre ans plus tard, Mme David le rejoint à l'Assemblée nationale comme députée de Gouin.

La colère comme moteur

Dans son livre De colère et d'espoir, publié en 2011, elle écrit que l'indignation est au coeur de son engagement.

« La colère est un moteur pour l'action. Et l'action est possible, car déjà entamée partout ! Mais la colère sans l'amour est vaine. Vengeresse et revancharde. Les plus grandes révolutions, la révolution féministe par exemple, sont fondées sur l'amour pour les personnes avec qui l'on se bat, construit, discute. Avec qui l'on vit, tout simplement. »

- Avec La Presse canadienne