Le premier ministre Philippe Couillard a confirmé la tenue d'une enquête publique québécoise sur les rapports entre les autochtones et les policiers, mercredi. Mais son mandat sera plus large encore, puisqu'il englobera la santé, la justice et les services correctionnels.

Le premier ministre Philippe Couillard a confirmé la tenue d'une enquête publique québécoise sur les rapports entre les autochtones et les policiers, mercredi. Mais son mandat sera plus large encore, puisqu'il englobera la santé, la justice et les services correctionnels.

Le gouvernement Couillard a refusé pendant plusieurs mois d'instituer une enquête publique, malgré des appels répétés des leaders autochtones.

Québec s'attendait à ce que l'enquête fédérale sur les femmes autochtones disparues ou assassinées se penche sur les événements de Val-d'Or. Or, le gouvernement a été informé la semaine dernière que ce ne serait pas le cas, a indiqué M. Couillard.

Le premier ministre dit aussi avoir entendu les préoccupations exprimées par les femmes autochtones qu'il a rencontrées au cours des dernières semaines.

«J'ai bien ressenti la frustration, les émotions, le sentiment d'insécurité, je l'ai très très bien ressenti, a-t-il indiqué. Et pour nous, il était important de donner à ces femmes un forum où elles pouvaient s'exprimer.»

La commission se penchera sur toute forme de violence ou de pratique discriminatoire dans la prestation des services publics aux autochtones. Son mandat dépasse donc les seuls rapports entre policiers et Premières nations, et touchera la santé, le système de justice, les services correctionnels et la protection de la jeunesse.

Il n'est pas question de rouvrir les enquêtes policières sur les événements de Val-d'Or, a prévenu le premier ministre.

«L'objectif ici n'est pas le blâme ou la vengeance, a déclaré M. Couillard. C'est un sentiment humain qu'on connaît tous. Mais le sentiment humain qui doit dominer, c'est le retour de la confiance et l'espoir de relations plus harmonieuses entre les Premières nations, les Inuits et les Québécois qui ne sont pas des autochtones.»

La commission sera présidée par le juge à la retraite Jacques Viens, qui a siégé à la Cour supérieure pendant plus de 30 ans. Il a été responsable du district judiciaire d'Abitibi pendant la plus grande partie de sa carrière comme magistrat.

L'annonce a été accueillie avec satisfaction par les leaders autochtones qui étaient présents aux côtés du premier ministre mercredi.

«Il y a un an maintenant, il n'y avait aucune ouverture pour la tenue d'une telle commission, a résumé le chef de l'Assemblée des Premières nations du Québec et du Labrador, Ghislain Picard. Donc je considère qu'aujourd'hui, on a fait des progrès importants.»

En octobre 2015, un reportage d'Enquête a donné la parole à plusieurs femmes autochtones qui se sont dites victimes de mauvais traitements de la part des policiers de Val-d'Or.

Québec a confié l'enquête sur ces allégations au Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), sous la supervision d'une observatrice indépendante. Aucun policier n'a été accusé au terme de l'enquête.

L'observatrice, Fannie Lafontaine, a conclu que les enquêteurs du SPVM ont agi de manière « impartiale ». Mais elle a également relevé l'existence de « racisme systémique » au sein des forces de l'ordre face aux autochtones.

Une quarantaine de policiers de Val-d'Or ont intenté une poursuite contre Radio-Canada, alléguant que leur réputation a été entachée par le reportage. Leur syndicat, l'Association des policiers provinciaux du Québec (APPQ), a exprimé de vives réticences à l'idée qu'une nouvelle enquête publique donne libre cours aux doléances des autochtones par rapport à la police.