L'ancienne sous-ministre des Transports, Dominique Savoie, n'a pas délibérément induit les parlementaires en erreur en déposant plusieurs versions d'un même rapport d'audit ce printemps, a tranché le président de l'Assemblée nationale, Jacques Chagnon, jeudi. Mais il n'a pas mâché ses mots pour qualifier «l'attitude désinvolte» de la haute fonctionnaire.

Dans une décision qu'il a lue à l'Assemblée nationale, M. Chagnon conclut que le «manque de rigueur» de la fonctionnaire a entretenu la «confusion» sur la véracité d'un rapport d'audit qu'elle a déposé dans une commission parlementaire en mai. Ce document présentait des différences avec la copie que le gouvernement Couillard avait déposée ce même jour.

Mme Savoie a soutenu d'entrée de jeu que les deux rapports étaient identiques. M. Chagnon convient que les documents sont «au fond, très similaires», mais que la fonctionnaire a mis «plusieurs mois» à expliquer les différences dans un affidavit rendu en septembre.

«L'attitude désinvolte de cette dernière a donc mené à beaucoup de questionnements et de débats qui auraient possiblement pu être évités, si elle avait fait preuve de plus d'exactitude et de célérité», dénonce M. Chagnon.

Le président écorche au passage l'ensemble du ministère des Transports dans cette affaire, dont il qualifie la conduite de «déplorable».

«Lorsqu'on occupe un poste dans la fonction publique, de surcroit lorsqu'il s'agit de la fonction de sous-ministre, il est impératif de s'assurer que l'information que l'on transmet à l'Assemblée nationale et à ses membres soit rigoureusement précise, assène M. Chagnon. On ne peut pas prendre à la légère la production d'un document à l'Assemblée nationale ou en commission, pas plus qu'un témoignage qu'on rend devant celles-ci.»

Le premier ministre Philippe Couillard a annoncé la démission de Dominique Savoie dès le lendemain de son témoignage en commission parlementaire. Elle a été transférée au ministère du Conseil exécutif, où elle touche toujours son salaire de plus de 210 000 $ par année.

L'affaire n'en est pas restée là. Une ancienne vérificatrice au MTQ, Louise Boily, a affirmé que les deux rapports - celui déposé par Mme Savoie en commission parlementaire et celui que le MTQ avait fourni au gouvernement - étaient faux. Elle a soutenu avoir signalé des pratiques douteuses au Ministère, notamment le fractionnement de contrats, mais que le rapport n'en faisait aucune mention.

M. Chagnon conclut qu'il est impossible de conclure qui dit vrai, car c'est la parole de Mme Boily contre celle de Mme Savoie.