Le Parti québécois demande au gouvernement Couillard de déclencher une enquête publique du coroner pour faire la lumière sur la mort de James Jardin et Chantal Cyr, assassinés vendredi soir dans l'est de Montréal. Le suspect de cette folie meurtrière, Frédérick Gingras, a été formellement accusé cet après-midi de ces meurtres prémédités, ainsi que d'avoir tenté de tuer deux autres citoyens.

«Sa mère dit elle-même: Il est malade, mon gars, il aurait dû être à l'hôpital ça fait longtemps. [...] Est-ce que le ministre de la Sécurité publique va demander au coroner en chef de déclencher une enquête publique pour qu'on sache pourquoi Frédérick Gingras était en liberté malgré ses problèmes mentaux et pourquoi il a commis ces gestes?», a déclaré mardi après-midi en Chambre le leader parlementaire de l'opposition officielle Pascal Bérubé.

Interpellé par le député péquiste, le ministre de la Sécurité publique Martin Coiteux n'a pas répondu directement à la demande formelle de l'opposition officielle. «C'est un drame, c'est un drame très grave, et d'abord mes sympathies vont aux familles. [...] Alors, l'enquête va suivre... l'enquête va donner lieu à des accusations et il y aura évidemment, à ce moment-là, un juge qui va en être saisi...», a-t-il répondu à la fin de la période de questions.

En entrevue avec La Presse, Pascal Bérubé rappelle que le cas de Frédérick Gingras s'apparente à celui d'Alain Magloire, ce Montréalais atteint de troubles mentaux abattu par les policiers, alors qu'il était armé d'un marteau, en janvier 2014. L'enquête du coroner avait accouché d'un rapport de 70 pages avec une série de recommandations deux ans plus tard. «[Une enquête du coroner], ça permet de prévenir au niveau des politiques publiques, parce que le coroner a des recommandations», explique le porte-parole du Parti québécois en matière de sécurité publique.

Le député de la Coalition avenir Québec (CAQ) François Paradis souhaite que cette tragédie mène à un «questionnement important et urgent sur les notions d'aide à apporter aux gens qui présentent des problématiques de santé mentale».

«J'ose espérer que ça va forcer un geste. Il prendra la forme qu'il voudra, qu'on puisse faire en sorte que des ressources d'aide ne craignent pas pour leur survie, alors qu'ils manifestent actuellement des inquiétudes. L'action qu'on a à apprendre, c'est de faire en sorte qu'on ait des ressources facilement identifiables et suffisamment présentes pour éviter d'arriver à des drames comme ceux-là», soutient le porte-parole de la CAQ en matière de santé publique.

Frédérick Gingras a comparu par vidéoconférence mardi après-midi. Il a été formellement accusé des meurtres prémédités de James Jardin et Chantal Cyr et de tentatives de meurtre avec une arme à feu à l'endroit d'Annie Baillargeon et de Gérard Lalonde. Il a par la suite été envoyé à l'Institut Philippe-Pinel pour évaluer son aptitude à comparaître. Il doit revenir au tribunal le 16 décembre.

- Avec Philippe Teiscera-Lessard et Christiane Desjardins

Photo tirée de Facebook

Frédérick Gingras