Le commissaire au lobbyisme blanchit Yvon Nadeau, ce conseiller du ministre des Transports, Laurent Lessard, que l'opposition soupçonnait d'être en conflit d'intérêts.

Le Parti québécois et la Coalition avenir Québec avaient demandé au commissaire François Casgrain d'enquêter sur les agissements de M. Nadeau, qui est le PDG et le principal actionnaire de la société forestière Pyrobiom Énergies. Le gouvernement Couillard a octroyé une subvention de 3 millions à cette entreprise en juillet.

Or, M. Nadeau est très proche du ministre Lessard, et ce depuis plusieurs années. Il a travaillé à son bureau de circonscription à l'époque où il était ministre de la Forêt, au moment même où son entreprise sollicitait une subvention. 

L'opposition soupçonne M. Nadeau d'avoir eu un accès privilégié au gouvernement et l'accusait d'être en conflit d'intérêts.

Mais au terme de trois mois d'enquête, le commissaire au lobbyisme conclut que M. Nadeau et son entreprise ne se sont pas livrés à du lobbyisme illégal.

«Les travaux de vérification du Commissaire au lobbyisme du Québec n'ont pas permis d'établir que des activités de lobbyisme, au sens de la Loi sur la transparence et l'éthique en matière de lobbyisme, ont été exercées par M. Nadeau ou d'autres personnes pour le compte de l'entreprise Pyrobiom Énergies inc. auprès de titulaires de charges publiques du gouvernement du Québec ou de M. Lessard», peut-on lire dans un court communiqué publié mardi.

L'affaire n'est pas close pour autant. Le commissaire à l'éthique, Jacques St-Laurent, a lui aussi ouvert une enquête sur les liens entre MM Lessard et Nadeau. Une enquête qui est toujours en cours, a confirmé la porte-parole de Me St-Laurent, Dominique Baron. 

Le commissaire au lobbyisme dit s'en remettre à Me St-Laurent pour donner suite «aux autres questions, d'ordre éthique, soulevées par les médias entourant les relations de M. Nadeau et de son entourage avec le ministre Lessard».

Lessard prudent

Laurent Lessard, qui est maintenant ministre des Transports, a toujours maintenu qu'il a respecté la loi. Il a réagi avec prudence au verdict du commissaire en rappelant que l'enquête du commissaire à l'éthique est toujours ouverte.

«Je pense en ce moment que ça va dans le sens de ce que j'avais déclaré dans le temps», a-t-il néanmoins déclaré.

La décision du commissaire au lobbyisme est loin de mettre un terme à l'affaire Lessard, selon le chef de la Coalition avenir Québec, François Legault.

«Une chose qui est certaine, c'est qu'il y a eu un manque de jugement, a observé M. Legault. Ça n'a pas bon sens qu'on donne des millions de subvention à un ami très proche d'un ministre. Puis, quand on dit très proche, quand un est le parrain de l'enfant de l'autre.»

La députée du Parti québécois, Agnès Maltais, a dit attendre avec impatience le verdict du commissaire à l'éthique.