Le gouvernement Couillard annoncera cette semaine le retrait de plus de 1000 appareils de loterie vidéo (ALV), sur deux ans, dans l'ensemble du territoire. Québec vient de recevoir de Loto-Québec une série de scénarios pour assurer la réduction sans dérapage du parc de machines qui se trouvent dans les bars et restaurants.

Actuellement, 11 600 machines se trouvent dans les établissements, et Québec compte se rapprocher des 10 000 machines. L'automne dernier, en réaction aux reportages de La Presse +, le premier ministre Philippe Couillard avait annoncé que 375 machines qui devaient être redéployées dans les commerces allaient rester dans l'entrepôt.

Cette fois, ce sont des machines qui sont sur les sites qui seront retirées, de manière à réduire l'offre de jeu. Loto-Québec a transmis à Québec trois scénarios, qui comportent quelques variantes. Le retrait des machines se ferait sur deux ans.

Les scénarios proposent certains critères, par exemple limiter l'offre de jeu à un appareil par tranche de 1000 habitants. Loto-Québec ne respecte pas sa propre norme de 2 appareils de loterie vidéo pour 1000 habitants dans près de 50 municipalités ou arrondissements au Québec. En 2011, Loto-Québec avait assuré au gouvernement qu'une politique d'attrition - en vertu de laquelle le nombre d'appareils diminuerait naturellement au rythme de la fermeture d'établissements - ferait rapidement diminuer le nombre d'ALV.

Mais dans sa décision, Québec veut aussi éviter qu'un secteur se trouve « orphelin », totalement dépourvu d'appareils. Québec compte en réduire le nombre dans les zones plus sensibles, où on trouve plus d'appareils alors que la population, à faible revenu, est plus vulnérable. Il faut prévoir qu'une partie importante des appareils retirés se trouvera dans la grande région de Montréal.

60 à 90 millions

Selon le scénario retenu, la perte de revenu pour Québec oscille entre 60 et 90 millions par année au total. 

Une partie de ces pertes serait non récurrente - l'indemnité à payer aux commerçants qui se voient privés de ce revenu, une ponction de 10 à 20 millions selon l'avenue choisie par Québec.

En outre, Québec tiendra compte d'une attrition naturelle - environ 300 appareils par année se trouvent dans des établissements qui ferment leurs portes. Le problème, c'est qu'ils ne se trouvent pas nécessairement dans les zones vulnérables où les résidants sont particulièrement à risque d'être happés par le jeu pathologique. Québec misait il y a cinq ans sur cette attrition pour régler les problèmes de concentration dans les zones vulnérables, mais ces secteurs n'ont pas libéré suffisamment d'appareils par cette seule voie.

Sans le conseil des ministres

Le ministre des Finances peut aller de l'avant sans nécessairement avoir le feu vert du Conseil des ministres dans ce dossier. Mais il est peu probable que la décision puisse être annoncée avant la réunion hebdomadaire du gouvernement, mercredi prochain.

Ce plan d'action a été mis en branle après une série d'articles dans La Presse + qui relevaient les conséquences sociales du jeu compulsif nourri par la proximité de ces appareils, qualifiés de «crack informatique» par les porte-parole de la Santé publique. À l'Assemblée nationale, Jean-François Lisée, avant qu'il ne devienne chef de l'opposition, et le leader parlementaire caquiste François Bonnardel avaient rudement attaqué le gouvernement Couillard.

Dans son budget de 2014, avant les élections, le ministre péquiste Nicolas Marceau avait prévu que Loto-Québec pourrait augmenter le nombre d'appareils de loterie vidéo au-delà de la limite de cinq par établissement. Auparavant, comme ministre des Finances sous Bernard Landry, Pauline Marois avait réduit de 15 300 à 14 300 le nombre d'appareils. Par la suite, en 2004, le gouvernement Charest avait réduit ce nombre à 12 000.