Une campagne de la Coalition avenir Québec (CAQ) sur Twitter a provoqué la colère du gouvernement Couillard et du Parti québécois, jeudi: dérapage selon l'un, publicité mensongère selon l'autre.

Sur la photo, on voit le premier ministre et le chef péquiste à côté d'une femme portant le tchador. Le slogan: «Couillard et Lisée en faveur du tchador pour les enseignantes dans nos écoles». «Seule la CAQ défend nos valeurs», ajoute le gazouillis.

Pour Jean-François Lisée, le débat politique québécois a toujours été exempt de la «volonté consciente de mentir pour obtenir des gains politiques», comme on observe aux États-Unis. Or, « ça vient d'arriver. Aujourd'hui, François Legault a décidé de diffuser une publicité qu'il sait mensongère». Le chef péquiste réclamait l'interdiction du tchador dans les services publics le 10 novembre dernier.

«Je parie qu'il y a beaucoup plus de gens qui vont dire: "Ouach! Ce n'est pas ça qu'on veut en politique". Un futur premier ministre qui fait une publicité qu'il sait mensongère, non, ce n'est pas ça qu'on veut.»

Pour le leader parlementaire du gouvernement, Jean-Marc Fournier, François Legault préconise «l'exclusion de citoyens», une position «dangereuse pour le Québec». Est-il raciste? «Vous avez dit un mot. C'est peut-être le bon mot», a-t-il répondu. Cette publicité laisse entendre que «M. Couillard veut des enseignantes en tchador. Ce n'est pas ça qu'on veut. On veut une société de vivre-ensemble».

Au début de 2014, alors qu'il était chef de l'opposition, M. Couillard voulait interdire le tchador - en plus du niqab et de la burqa - chez les employées de l'État, car le port de ce signe représente «l'instrumentalisation de la religion pour des fins d'oppression et de soumission». Il a écarté cette mesure une fois au pouvoir, plaidant qu'«il faut également respecter les lois existantes, dont les chartes des droits et libertés».

«Le principe de l'égalité hommes-femmes suppose également qu'on reconnaît aux femmes de décider comment elles s'habillent», disait-il en Chambre mardi. Il ajoutait qu'il «apparaît hautement improbable qu'une femme se vêtant de la sorte décide de vouloir travailler dans le secteur public, pour de nombreuses raisons».

La Fédération des commissions scolaires du Québec soutient qu'aucune enseignante ne porte le tchador «à sa connaissance». Il n'y a pas de recensement officiel sur le port de signes religieux. La CSDM confirme que le tchador est inexistant parmi son personnel enseignant, tout en disant qu'en vertu des règles actuelles et du projet de loi 62 sur la neutralité religieuse de l'État, il pourrait en théorie se retrouver dans les écoles un jour.

Le projet de loi 62 prévoit que les services publics doivent être donnés et reçus à «visage découvert». Cela revient à interdire la burqa et le niqab - le voile intégral - dans la prestation des services, pour des raisons de sécurité et de communication, et non des motifs religieux. Par contre, un accommodement serait possible, mais il devrait être refusé s'il y a un problème lié à l'identification ou la communication, ajoute le projet de loi.

PHOTOMONTAGE TIRÉ DE TWITTER