La fin des procédures visant Luigi Coretti en raison des délais déraisonnables pour des accusations de fraude a placé sur la sellette la ministre de la Justice Stéphanie Vallée. Devant les tirs croisés du PQ et de la CAQ, elle a soutenu que des gestes devraient être posés pour mettre fin à cette cascade de libérations, mais fait porter le blâme sur des mesures prises par le gouvernement de Lucien Bouchard il y a quinze ans.

«Le chef de l'opposition était conseiller d'un gouvernement qui avait réduit le nombre de juges, réduit le nombre de juges à la Cour du Québec, réduit le nombre de juges à la Cour supérieure par des amendements à la Loi sur les tribunaux judiciaires», a expliqué, en Chambre, Mme Vallée à Jean-François Lisée, qui demandait combien d'accusés avaient, comme au Monopoly, eu droit à une carte «sortie de prison» immédiate. Plus tôt, Mme Vallée s'était refusée à commenter la nouvelle de La Presse, plaidant que les parties étaient toujours en réunion autour du dossier Coretti.

Le gouvernement libéral «a été là 15 ans, mais c'est toujours la faute des autres. Qui pourrait avoir sa carte de sortie de prison à cause des délais trop longs? Gilles Vaillancourt, qui était protégé par le premier ministre Charest? Est-ce que c'est Nathalie Normandeau, l'ancienne vice-première ministre libérale? Est-ce que c'est d'autres amis libéraux qui sont en ce moment sous la loupe de l'UPAC et du DPCP? C'est ça qui nous pend au nez», a lancé le chef péquiste à l'Assemblée nationale.

«Après 15 ans, des dizaines de prévenus ont leur carte de sortie de prison, les Hell's Angels sont de retour sur la place publique. Luigi Coretti, il est dans son garage, et elle trouve que ça va bien. Ce dont on a besoin immédiatement, ce n'est pas des excuses, ce n'est pas des intentions, c'est des ressources, plus de procureurs, plus de budgets, plus de juges dans les mois qui viennent», a poursuivi le chef péquiste.

Plus tard, le caquiste Simon Jolin-Barrette a fait feu dans la même direction. M. Coretti «entretenait des liens avec l'ex-ministre libéral Tony Tomassi», a-t-il rappelé, rappelant que ces fins prématurées de poursuites se multipliaient portant gravement atteinte à la confiance de la population envers son système de justice. «On veut savoir: quelles actions va-t-elle prendre dès maintenant?», a-t-il lancé.

«Des actions, on en prend, on en a pris, on continuera à en prendre, parce que les enjeux reliés aux délais dans le système judiciaire, c'est un enjeu qu'on prend de façon très sérieuse. Il nous amène à revoir nos façons de faire, à revoir nos façons de faire dans le traitement, dans l'aménagement des dossiers, dans les ressources, dans la façon de faire au sein de la magistrature dans le traitement des dossiers, dans les façons de faire au sein des organisations, tel le Directeur des poursuites criminelles et pénales», a répliqué Mme Vallée, rappelant qu'elle avait «convoqué tout le monde» à ce sujet, en janvier dernier. «Ensemble, on peut renverser la vapeur, changer la culture de complaisance dans le milieu», a-t-elle soutenu.