Un an après le «flushgate», l'opposition péquiste accuse le ministre de l'Environnement, David Heurtel, de n'avoir rien fait pour réduire les déversements d'eaux usées.

En octobre 2015, M. Heurtel s'était retrouvé au centre d'une controverse après l'annonce que des travaux d'entretien obligeraient la Ville de Montréal à rejeter des milliards de litres d'eaux d'égouts directement dans le fleuve Saint-Laurent.

Alors que la Ville de Québec doit commencer mardi un déversement d'eaux usées, le porte-parole péquiste en matière d'environnement, Sylvain Gaudreault, a dénoncé l'inaction de M. Heurtel.

Dans une entrevue à La Presse canadienne, lundi, M. Gaudreault a noté que plusieurs municipalités québécoises ont continué à effectuer des rejets planifiés d'eaux usées au cours de la dernière année.

«Un après le «flushgate» de Montréal, on est toujours au même point, a-t-il dit. On a un «flushgate» de la Ville de Québec et pendant ce temps-là le ministère, et le ministre en particulier, n'ont pas pris les choses en main pour qu'on ait des pistes de solutions.»

Pourtant, a rappelé le député péquiste, plusieurs membres du gouvernement, dont le premier ministre Philippe Couillard, avaient exprimé leur préoccupation face à la pratique des déversements, l'an dernier.

Selon M. Gaudreault, le gouvernement est au même point qu'il y a un an quant aux gestes qui pourraient réduire le phénomène.

«On ne sent même pas qu'il est en action pour changer les choses et c'est ce que je trouve tragique», a-t-il dit.

L'an dernier, l'opinion publique s'était indignée en découvrant que la Ville de Montréal s'apprêtait à rejeter huit milliards de litres d'eaux usées dans le fleuve, une quantité qui a ensuite été diminuée à 4,9 milliards de litres.

Le gouvernement fédéral était notamment intervenu pour suspendre l'opération, avalisée par le gouvernement du Québec.

En novembre, au moment du début du déversement de Montréal, M. Couillard avait souligné l'importance de «se réunir et tirer les leçons de cet événement-là». M. Heurtel avait quant à lui parlé de la nécessité d'un «post-mortem».

M. Gaudreault a affirmé mardi que les groupes environnementaux consultés ne rapportent rien de concret de la part du gouvernement depuis l'an dernier.

«La Fondation Rivières et le Regroupement des organismes de bassins versants du Québec disent qu'aucun comité de travail n'a été mis en place pour essayer de trouver des solutions», a-t-il souligné.

Selon le PQ, il faut notamment favoriser la transparence avec la création d'un registre qui répertorie les demandes d'autorisation des municipalités pour les rejets d'eaux usées et la publication d'un tableau des déversements par les ouvrages municipaux d'assainissement des eaux.

En plus d'améliorer les infrastructures des municipalités, le PQ souhaite une augmentation du nombre d'inspecteurs du ministère de l'Environnement, qui est passé de 281, en 2014, à 273 actuellement.

La Ville de Québec effectuera au cours des prochaines semaines un déversement de 135 millions de litres d'eaux usées dans le fleuve Saint-Laurent.

Les porte-parole municipaux ont expliqué que cette mesure a dû être prise afin d'exécuter des travaux sur les infrastructures de traitement des eaux.

En 2013, 45 512 débordements d'eaux usées ont eu lieu au Québec, dont 400 déversements qui ont duré plus de 48 heures, indiquent des chiffres du ministère des Affaires municipales.

Environ une centaine de municipalités québécoises rejettent leurs eaux d'égouts sans traitement, a souligné M. Gaudreault.

Saint-Jean-sur-Richelieu, Laval, Saguenay, Trois-Rivières, Saint-Hyacinthe, Chambly et Gatineau sont quelques-unes des municipalités qui ont dû rejeter plusieurs millions de litres d'eaux usées en 2016.

Au cabinet de M. Heurtel, lundi, la porte-parole Émilie Simard a indiqué que depuis le déversement de Montréal, les municipalités qui ont eu à faire un déversement autorisé, en raison d'une réparation ou pour l'entretien du réseau, ont été «sensibilisées» à augmenter leur transparence et l'information à fournir au public.

Pour obtenir l'autorisation du ministère, les villes doivent «clairement démontrer qu'elles ont considéré toutes les avenues pour minimiser les volumes d'eaux usées devant être déversées» et «mettre en place toutes les mesures de mitigations pour réduire les impacts sur l'environnement au minimum», a déclaré Mme Simard dans un courriel, en ajoutant qu'un plan de communication peut être exigé.

Depuis l'entrée en vigueur du Règlement sur les ouvrages municipaux d'assainissement des eaux usées (ROMAEU) le 1er janvier 2014, le ministère a émis 386 avis de non-conformité, neuf sanctions administratives pécuniaires (SAP) et cinq  municipalités ont reçu des SAP de 10 000 $ pour des rejets d'eau usées en vertu de l'article 20 de la Loi sur la qualité de l'environnement (LQE), a indiqué la porte-parole.