Le président de l'Assemblée nationale, Jacques Chagnon, fait mal son travail et se montre complaisant envers le gouvernement, selon le député Amir Khadir.

Le député solidaire de Mercier lui a demandé mercredi, en point de presse, de se ressaisir et de rappeler à l'ordre le gouvernement de Philippe Couillard qui, selon lui, bafoue les règles parlementaires quotidiennement.

Il reproche au président de nuire à la réputation des parlementaires en laissant le gouvernement Couillard enfreindre les règles impunément, les ministres refusant de répondre aux questions, et faisant preuve de mauvaise foi en tournant en dérision le travail de l'opposition.

Il est assez rare qu'un député s'en prenne ainsi, directement et publiquement, au président de l'Assemblée nationale, qui incarne l'institution parlementaire, censée être au-dessus de la mêlée.

C'est précisément ce qui choque M. Khadir, cette apparente incapacité du président d'élever le débat au-dessus des positions partisanes pour assurer la dignité de l'institution.

Selon lui, M. Chagnon «permet à des ministres de dire n'importe quoi en réponse à des questions très précises» posées par l'opposition.

«Il ne les interrompt pas, il ne les rappelle pas à l'ordre», déplore M. Khadir.

Cette attitude de laisser-faire «va finir par jeter le discrédit» sur l'ensemble des parlementaires, croit le député de Mercier, qui réagissait en fait aux critiques formulées la veille par M. Chagnon envers les trois députés solidaires, Françoise David, Manon Massé et lui-même.

En Chambre, mardi, devant tous les parlementaires et sans avoir prévenu les élus solidaires de son geste, M. Chagnon a blâmé sévèrement les trois députés, pour avoir tourné le dos à leurs collègues parlementaires, au moment de voter contre le projet de loi 70 sur l'aide sociale jeudi dernier.

Dans une déclaration écrite, M. Chagnon leur rappelait que le vote des élus était un geste «sacré», qu'il ne fallait pas dénaturer. «Je considère que ce qui s'est passé jeudi dernier va à l'encontre des principes qui sont à la base de notre démocratie et qu'il s'agit d'une atteinte injustifiée à notre décorum», affirmait-il.

C'est plutôt l'attitude du président envers le gouvernement «qui insulte l'intelligence du public», a répliqué M. Khadir, qui voudrait voir le président laisser tomber «la respectabilité de façade» pour «forcer des ministres à répondre» véritablement aux questions.