L'élection de Donald Trump à la présidence des États-Unis ouvre « une période d'incertitude », a déclaré le premier ministre Philippe Couillard, mercredi. Bien qu'il se montre préoccupé par l'impact qu'aura le leader républicain sur l'économie québécoise, il ne s'attend pas à des « perturbations majeures ».

À l'Assemblée nationale, M. Couillard a félicité le candidat républicain pour sa victoire. Mais il n'a pas caché ses craintes devant son programme.

« Il est certain que l'élection, compte tenu de la campagne, ouvre - et on voit déjà dans les commentaires à travers le monde ce matin - une période d'incertitude et d'instabilité potentielle, sur le plan économique entre autres », a affirmé M. Couillard mercredi.

Le premier ministre s'est montré particulièrement préoccupé au sujet des conséquences de l'élection d'hier sur l'économie québécoise. En campagne, M. Trump a promis de mettre fin à l'Accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA) et d'ériger un mur le long de la frontière du Mexique. Des mesures protectionnistes qui pourraient affecter directement les échanges commerciaux entre le Canada et les États-Unis.

M. Couillard ne cache pas que la victoire de M. Trump pourrait affecter les négociations commerciales sur le bois d'oeuvre, dont dépendent des centaines d'emplois en région.

Il s'est néanmoins montré optimiste devant le ton « rassembleur » du discours de victoire de M. Trump hier. Il dit avoir confiance que les échanges commerciaux avec les États-Unis pourront se maintenir malgré ses promesses en campagne. 

« Il faut rappeler quand même que les économies sont fortement intégrées, a souligné M. Couillard. Je pense que c'est 34 États américains, c'était mentionné ce matin, dont le premier partenaire commercial est le Canada. Donc je ne m'attends pas à des perturbations majeures. »

Impair ?

M. Couillard était sorti de la réserve qu'observent habituellement les leaders étrangers, mardi, en affichant clairement sa préférence pour la candidate démocrate Hillary Clinton. Le premier ministre s'est défendu d'avoir commis un impair diplomatique, mercredi, insistant sur la nécessité de rapidement bâtir des ponts avec la nouvelle administration.

« Il faut exprimer ce qu'on ressent, a-t-il dit. J'étais très préoccupé par le ton de la campagne. Il serait tout à fait illusoire de penser que le ton n'a pas été particulièrement significatif dans cette campagne et je pense que les Québécois n'aiment pas ce genre de politique. »

Une « période de turbulences », selon Lisée

Pour le chef du Parti québécois, Jean-François Lisée, il est clair que le monde entre dans une « période de turbulences ». À l'instar du premier ministre, il dit craindre les conséquences économiques de l'élection du chef républicain, mais aussi les conséquences environnementales.

« Je pense que la principale victime de l'élection d'hier, c'est la lutte contre le réchauffement planétaire, a observé M. Lisée. M. Trump fait partie de ceux qui croient que ça n'existe pas et que le gouvernement américain ne devrait pas investir pour empêcher l'augmentation des gaz à effet de serre et c'est donc un recul majeur d'une ou deux décennies. »

M. Lisée s'est par ailleurs montré rassurant sur le plan des relations commerciales entre le Québec et les États-Unis, le pays qui accueille la plus grande part des exportations québécoises. M. Lisée est d'avis qu'aucun des deux partenaires n'a intérêt à ériger des barrières tarifaires.

Les Américains feront donc preuve de réalisme économique, prévoit-il, en laissant les frontières ouvertes, malgré les positions ouvertement protectionnistes tenues par M. Trump durant la campagne électorale.

« Les Québécois ne doivent pas s'inquiéter », selon Lisée.

Dans le dossier du bois-d'oeuvre, les négociations entre le Canada et les États-Unis étaient déjà difficiles avant l'élection de M. Trump, alors il ne voit pas de changement à ce chapitre.

- Avec La Presse Canadienne