Quand la Société immobilière du Québec (SIQ) s'est défaite au rabais de trois édifices appartenant au gouvernement, elle n'a pas tenu compte des revenus importants que lui procurait l'exploitation de leurs parcs de stationnement.

La firme Vinci, devenue Indigo, a obtenu ces contrats lucratifs quand la SIQ a mis fin à des ententes à long terme avec la Société Parc-Auto du Québec. Et quand il a été congédié de la SIQ, le président Marc-André Fortier s'est retrouvé vice-président de Vinci.

Des sources proches du dossier rappellent que Parc-Auto, société à but non lucratif qui verse ses profits au gouvernement, était responsable des stationnements des édifices que la SIQ a vendus en 2007, au mépris des règles devant encadrer ces transactions.

Place Québec, l'édifice J.-A. Tardif à Québec et le 500 René-Lévesque Ouest à Montréal sont passés au privé, et le gouvernement est devenu locataire à très long terme des immeubles qu'il a vendus. Au surplus, la SIQ a accepté que les futurs travaux de réfection soient aux frais du locataire.

La SIQ aurait pu alors assurer que la Société Parc-Auto bénéficie du maintien du contrat à long terme qui garantissait qu'elle pouvait gérer ces stationnements et en tirer des revenus sur 10 ans. Mais ces contrats n'ont pas été transférés avec la transaction, comme il aurait été normal de le faire. Vinci a obtenu des acheteurs le mandat de gestion pour ces trois stationnements. Ces grands parcs très fréquentés, proches du Centre des congrès de Québec et du Grand Théâtre, génèrent par exemple des profits d'environ 4 millions par année, estime-t-on au gouvernement.

LOBBYISME

Or, tout de suite après avoir été congédié par Monique Jérôme-Forget pour des dépenses excessives - le tribunal lui a ordonné de rembourser à l'État plus de 75 000 $ -, Marc-André Fortier a été nommé vice-président de Vinci. La firme vient de changer de nom pour Indigo.

Vinci a d'ailleurs récemment engagé un lobbyiste proche des libéraux à Québec, Luc Ouellet, de National, pour convaincre le gouvernement de retirer à la Société Parc-Auto l'exclusivité que cette société à but non lucratif détient pour la gestion d'autres stationnements d'édifices publics.

Le Registre des lobbyistes indique que M. Ouellet est rétribué pour faire des démarches « pour qu'une orientation soit prise afin que le gouvernement décide de lancer un appel de propositions pour la gestion de ses stationnements [par exemple, les stationnements intérieurs et extérieurs desservant les employés de l'État et les visiteurs externes] dans le but d'assurer une plus grande transparence ».

Photo Ivanoh Demers, archives La Presse

La vente du 500 René-Lévesque à Montréal s'est effectuée sans mandat de Québec, même si la tour appartenait au parc immobilier du gouvernement.