Le premier ministre Philippe Couillard a procédé mardi au lancement d'une bande dessinée sur le phénomène de la radicalisation des jeunes qui critique à ses yeux la défunte Charte des valeurs du Parti québécois.

Cette bande dessinée - intitulée Radicalishow, d'après une histoire vraie - a été produite par le Centre de prévention de la radicalisation menant à la violence, avec la contribution financière du gouvernement. 

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Un personnage déclare que « quasiment du jour ou lendemain », les choses ont changé au sein de leur société fictive « quand ils ont sorti leur fameuse « Loi pour la neutralité des valeurs ».

Pour Philippe Couillard, ce passage cible le projet de charte des valeurs présenté par le gouvernement Marois, et non son projet de loi sur la neutralité religieuse de l'État. « Le passage auquel vous faites allusion fait appel précisément à l'une des deux lois, et non les deux, et rappelle à quel point certains se sont sentis exclus par ce geste-là », a-t-il affirmé en conférence de presse. Le projet de charte des valeurs, c'était « un vaste mouvement d'exclusion des femmes immigrantes des emplois dans la fonction publique sur la simple base du port ou non de signes religieux ».

Il a alimenté la radicalisation des jeunes selon lui. « Je disais à l'époque que malgré les intentions qui étaient de lutter contre le phénomène, à mon avis, on nourrissait le phénomène par des mesures d'exclusion de ce type-là. Mieux vaut intégrer les gens à l'emploi, notamment les femmes qui sont doublement minorisées comme femme et comme femme membre d'une minorité. Il s'agit plutôt de les ingérer au marché du travail. C'est la meilleure façon de lutter contre le phénomène » de radicalisation.

Le directeur du Centre de prévention, Herman Deparice-Okomba, a déclaré que la BD est le fruit de témoignages de jeunes qui se sont extirpés d'un processus de radicalisation. « Les jeunes se sont assis avec un bédéiste, ils ont raconté leur histoire, leur vécu, et ce bédéiste l'a mis en illustration », a-t-il dit. Le Centre n'a pas « influencé » le contenu selon lui. Il soutient que « la charte ou autres font partie des éléments qui ont contribué d'une certaine manière (à la radicalisation) d'après ce que les jeunes nous disent. Cette BD, c'est le témoignage de jeunes, c'est la perspective de jeunes, c'est leur histoire, comment eux ils ont vu les choses. Il n'y a pas lieu d'en faire un débat politique ou d'interpréter à des fins politiques ».

M. Couillard a salué le lancement de cette BD fait « par et pour les jeunes ». Il en a souhaité une large diffusion.

Son projet de loi 62 prévoit que les services publics doivent être donnés et reçus à visage découvert. Cela revient à interdire le voile intégral - niqab ou burqa - dans la prestation des services. Un accommodement serait toutefois possible, sauf pour des raisons de sécurité, de communication et d'identification.

Mardi, en commission parlementaire, la Ligue des droits et libertés demandera le retrait du projet de loi 62 «parce qu'elle évalue qu'il institue du profilage religieux de nature discriminatoire». «Il propose un ensemble de critères visant à encadrer les demandes d'accommodements religieux, mais risque dans les faits de les interdire, y compris le rare cas du visage couvert, tant pour les membres du personnel des organismes publics et autres organismes ciblés, que pour les personnes qui reçoivent un service. La législature ne peut tout simplement pas affirmer une telle interdiction. Elle rend néanmoins la chose possible en édictant des critères qui ouvrent la porte à plus d'arbitraire et à des pratiques discriminatoires», écrit l'organisme dans son mémoire.