L'entreprise Uber craint de perdre des chauffeurs en raison des règles «complexes et contraignantes» du projet pilote adopté cet automne par le gouvernement du Québec pour lui permettre de fonctionner.

En point de presse lundi matin, le directeur général d'Uber, Jean-Nicolas Guillemette, s'est toutefois dit satisfait que le projet pilote soit pleinement en vigueur depuis le 21 octobre, car le cadre réglementaire offre une tranquillité d'esprit et un soulagement aux chauffeurs qui n'ont plus à s'inquiéter de voir leurs véhicules saisis, entre autres choses.

Il dit que son entreprise et les chauffeurs sont prêts à travailler en respectant les règles.

«Nous pouvons, et voulons, opérer dans un cadre réglementaire», a-t-il dit.

Uber va évaluer l'impact du projet pilote sur son modèle d'affaires au cours des prochains mois.

Mais M. Guillemette craint déjà que l'obligation pour les chauffeurs de se procurer un permis de classe 4-C, qui est un permis pour la conduite de taxis et de limousines, ne soit un obstacle pour eux, surtout pour ceux qui ne voulaient travailler qu'un nombre réduit d'heures par semaine. Une bonne proportion des chauffeurs travaillent pour Uber à temps partiel.

«Il est certain que l'imposition, par exemple, de la classe 4-C, crée une sérieuse barrière à l'entrée», a-t-il commenté en ajoutant que pour cette raison précise, les chauffeurs d'Uber qui sont sourds ou malentendants ne pourront plus travailler.

Pour les chauffeurs qui travaillent trois ou cinq heures par semaine, peut-être que cela ne vaudra pas la peine, a-t-il dit en point de presse.

Il n'a toutefois pas encore de données sur des pertes de chauffeurs, car l'entrée en vigueur des règles est très récente, dit-il. De plus, la nature d'Uber fait en sorte que des chauffeurs s'ajoutent à la flotte, d'autres partent et reviennent plus tard, selon leurs besoins, ce qui rend les calculs difficiles dans l'immédiat.

Il sera plus facile de calculer après le 9 décembre, date limite pour l'obtention du permis 4-C pour les chauffeurs inscrits avant l'entrée en vigueur du projet pilote. S'ils ne le détiennent pas, leur compte sera désactivé, a prévenu M. Guillemette. Tous ceux qui se sont inscrits auprès d'Uber depuis le début du projet pilote, en septembre, devaient déjà posséder le permis spécial.

Le projet pilote impose des frais supplémentaires pour les courses, que M. Guillemette qualifie d'élevés, et il s'inquiète que cela ne limite aussi l'utilisation d'Uber.

«Ça risque peut-être de limiter le choix des consommateurs et de nuire à notre capacité de combattre l'auto-solo», et ainsi d'aider à réduire la congestion routière, avance-t-il.

Un coût de 0,90 $ la course est ajouté à la facture, ainsi que les taxes de vente, soit la TVQ et la TPS.

Ce coût additionnel n'est que de 0,11 $ à Ottawa et de 0,30 $ à Toronto, a précisé M. Guillemette.

Il dit vouloir continuer à militer pour avoir une réglementation plus «innovante».

Mathieu Visser, chauffeur à temps plein pour Uber depuis 2014, était au point de presse organisé par l'entreprise.

Il estime qu'avec le projet pilote les courses sont un peu plus chères pour le client, mais toujours moins qu'avec un taxi.

Mais surtout, le projet fait en sorte que son travail est plus agréable, moins stressant et sans crainte de voir son véhicule saisi.

L'entente en matière de covoiturage urbain entre le gouvernement du Québec et Uber avait été conclue au début du mois de septembre. Le projet pilote doit durer un an.

Entre autres règles, il requiert d'Uber de détenir un permis d'intermédiaire, qu'il a obtenu le 21 octobre. Les chauffeurs doivent posséder un permis de taxi de classe 4-C.

Une somme de 0,07 $ par course pour l'assurance est aussi ajoutée, en plus du 0,90 $. Bref, il s'agit d'une redevance au gouvernement de 0,97 $ par course jusqu'à 50 000 heures de travail effectuées par semaine. Ensuite, jusqu'à 100 000 heures, la redevance s'élève à 1,17 $ par course, en incluant l'assurance, puis augmente à 1,33 $ pour les heures suivantes.

Les services d'Uber peuvent uniquement être requis par l'application mobile et ne peuvent être hélés dans la rue, ce qui demeure réservé aux taxis.