Le candidat à la direction du Parti québécois Alexandre Cloutier a présenté, lundi à Montréal, une politique culturelle dont la mesure phare, un «passeport culture québécois» pour étudiants et immigrants, est réservée aux activités culturelles francophones.

Le passeport proposé par M. Cloutier, qui serait remis à tous les immigrants et étudiants de 3e, 4e et 5e secondaire, serait en fait un crédit de 50 $ auprès «d'organismes, de marchands et d'événements culturels québécois accrédités».

Cependant, puisque M. Cloutier avait préalablement fait part de son intention de faire la promotion de la culture francophone, il a été amené à préciser que les institutions culturelles anglophones, comme par exemple le théâtre Centaur, qui a pignon sur rue à Montréal depuis 1969, ne seraient pas accréditées.

«Ma réponse c'est non; ce qu'on souhaite, c'est un dialogue avec la culture francophone», a affirmé le candidat, tout en précisant que l'augmentation globale du budget du ministère de la Culture entraînée par le train de mesures qu'il proposait bénéficierait également au milieu culturel anglophone du Québec.

Parmi les autres mesures proposées par le député de Lac-Saint-Jean, on note la mise sur pied d'un programme de jumelage artistes-écoles qui permettrait à chaque école primaire et secondaire d'accueillir un artiste durant une dizaine d'heures par semaine sur une période de 20 semaines, sans distinction linguistique cette fois.

Il entend également dédier des budgets spécifiques aux activités et sorties culturelles, particulièrement pour le transport des élèves, et renforcer l'éducation culturelle dans le cursus scolaire.

Enfin, il souhaite rehausser le budget du Conseil des arts et lettres du Québec et ceux des organismes culturels en région et rétablir les augmentations des budgets de la Fête nationale.

Pour financer ces mesures, M. Cloutier promet d'augmenter globalement de 70 millions $ annuellement les sommes allouées à la culture, soit l'équivalent de la TVQ perçue sur les ventes de produits culturels québécois.

Alexandre Cloutier promet également d'appuyer la démarche de l'Union des artistes afin d'augmenter la représentation de la diversité québécoise, mais il n'est pas question d'une intrusion gouvernementale en la matière. «Je n'ai pas l'intention d'intervenir sur le plan législatif», a-t-il précisé, écartant l'idée de quotas ou autres interventions étatiques du genre.

Soutenir la presse régionale

Bien que sa plateforme culturelle ne contienne aucune mesure en ce sens, Alexandre Cloutier a reconnu que «la couverture médiatique régionale est extrêmement préoccupante au Québec» et que celle-ci aurait pu s'y retrouver.

Notant que «la couverture médiatique régionale est en déclin au Québec», il s'est dit d'avis que les médias régionaux, particulièrement les médias écrits, «ont besoin d'aide, ont besoin de souffle» et que leur présence est essentielle à l'équité, au dialogue et à la vitalité des régions.

«Comment voulez-vous qu'une région se parle s'il n'y a même plus de journal ou de couverture médiatique?» a-t-il demandé.

Interrogé sur le bien-fondé d'une aide de l'État, telle que le laisse entendre le ministre de la Culture, Luc Fortin, M. Cloutier s'est montré tout à fait ouvert à la possibilité.

«On ne doit absolument rien exclure parce que la couverture médiatique régionale, elle est fondamentale», a-t-il répondu, ajoutant «qu'on est mûrs pour s'assurer qu'il y a une couverture médiatique régionale qui se poursuive».