Le gouvernement Couillard a entamé la seconde moitié de son mandat, à l'occasion de la reprise des travaux à l'Assemblée nationale, hier. Une journée marquée par un hommage émouvant à la députée Sylvie Roy, par une vidéo controversée du Parti québécois et par des manifestations à l'extérieur de l'enceinte parlementaire.
LESSARD DANS LA LIGNE DE MIRE DU PQ
Laurent Lessard répond aux attaques de l'opposition lors de la période de questions. Le Parti québécois a soutenu que l'ex-conseiller politique du ministre, Yvon Nadeau, s'était placé dans deux situations apparentes de conflit d'intérêts. On savait déjà qu'une entreprise que M. Nadeau dirige a reçu en juillet une subvention de 3 millions du ministère des Ressources naturelles. Cette aide avait été sollicitée deux ans plus tôt, au moment où M. Nadeau travaillait au bureau de circonscription de M. Lessard. La députée péquiste Agnès Maltais en a rajouté hier : M. Nadeau a été gestionnaire de chalets en location à proximité de la station touristique du mont Adstock, qui a aussi touché une subvention du gouvernement. La coopérative de la station touristique, dont M. Nadeau était membre du C.A., a reçu 1 million en 2008 du ministère de l'Éducation, des Loisirs et du Sport. M. Nadeau travaillait alors au bureau de circonscription de Laurent Lessard. Le ministre Lessard nie avoir quoi que ce soit à se reprocher. Il rencontre aujourd'hui le commissaire à l'éthique de l'Assemblée nationale au sujet de la première controverse impliquant son ex-employé. La conjointe de ce dernier a déjà travaillé pour le ministre, qui est le parrain de leur fils.
COUILLARD SUIT SON PLAN
Le premier ministre Philippe Couillard quitte ses bureaux en route vers une réunion avec ses députés.
Il n'a pas répondu aux questions des journalistes, ce qui est inhabituel pour un jour de rentrée parlementaire.
« Le plan du gouvernement demeure le même, vous le savez très bien, a-t-il déclaré plus tard aux élus libéraux. C'est équilibrer les finances publiques pour la santé, pour l'éducation, pour l'économie. »
OUELLET FORMULE DES REPROCHES
Martine Ouellet est talonnée par les journalistes après son refus de participer à une vidéo promotionnelle de l'équipe parlementaire du Parti québécois.
Elle blâme « l'establishment » de la formation politique pour la publication de la vidéo sans sa contribution. Elle reproche aussi au chef par intérim, Sylvain Gaudreault, de s'ingérer dans la course à la direction.
La phrase « Je suis Option nationale » apparaîtra plus tard sur son compte Twitter, un message qu'elle effacera promptement, disans que son compte a été piraté.
GAUDREAULT S'EXPLIQUE
Il souhaite parler de nationalisme économique, de santé et d'éducation. Mais le chef par intérim du Parti québécois, Sylvain Gaudreault, doit passer la quasi-totalité de son point de presse à expliquer pourquoi Martine Ouellet n'est pas apparue dans une vidéo promotionnelle du parti.
« Je suis convaincu de ne pas m'ingérer dans la course à la direction, déclare-t-il. [...] Ma seule responsabilité, c'est de préserver l'unité du groupe, mais aussi de faire le travail d'opposition officielle. »
LEGAULT DÉFEND SON « TEST DES VALEURS »
François Legault annonce ses couleurs à son arrivée à l'Assemblée nationale. Le chef de la Coalition avenir Québec parlera d'économie et d'immigration cet automne.
Et il ne reniera pas ses propositions identitaires comme le controversé « test des valeurs » pour les nouveaux arrivants.
« On ne me fera pas taire ni sur l'identité, ni sur le vol de documents à la CAQ, ni sur le dossier RONA, ni sur le dossier Laurent Lessard, ni sur le dossier du remboursement du 500 000 $ du Parti libéral », a-t-il martelé.
COUILLARD OPTIMISTE
Attendu de pied ferme par l'opposition, Philippe Couillard est accueilli avec enthousiasme par ses députés.
Son gouvernement a été ébranlé par les révélations sur la vente de RONA et par la démission de Jacques Daoust.
Mais devant ses troupes, le chef libéral se montre optimiste. La session parlementaire, dit-il, se déroulera sous le signe de la « confiance retrouvée ».
DÉPUTÉS ACCUEILLIS PAR UNE « HAIE DU DÉSHONNEUR »
Les députés sont accueillis par une « haie du déshonneur » organisée par des opposants à la réforme de l'aide sociale.
Entre les murs du parlement, le Parti québécois et Québec solidaire appuient une proposition de la Coalition objectif dignité pour éviter toute coupe au chèque de base. Le ministre François Blais la rejette. Il maintient la menace d'un bâillon pour adopter son projet de loi. Ce dernier prévoit des sanctions financières contre les nouveaux demandeurs d'aide sociale qui refuseraient de participer à un programme d'intégration en emploi ou de retour aux études. Mais une allocation supplémentaire serait versée aux participants.
NOUVELLE MODÉRATRICE
Maryse Gaudreault, députée de Gatineau et vice-présidente de l'Assemblée nationale, modère les débats à l'occasion de la rentrée parlementaire.
On a appris hier que le président, Jacques Chagnon, devra s'absenter jusqu'au 18 octobre. Son état de santé n'a pas été dévoilé, mais il se remet d'une intervention chirurgicale « mineure », a indiqué sa porte-parole.
Mme Gaudreault a profité de sa suppléance pour rendre un hommage senti à la députée Sylvie Roy, disparue cet été.
HOMMAGE À SYLVIE ROY
Des fleurs ont été déposées sur le bureau de Sylvie Roy, députée indépendante qui a succombé à une hépatite aiguë cet été à l'âge de 51 ans.
Les députés ont observé une minute de silence en honneur de leur ancienne collègue, qui avait été la première à réclamer une commission d'enquête sur les allégations de corruption et de collusion.
Une cérémonie qui s'est déroulée sous les yeux de ses deux enfants et de sa mère.
TRAVAUX MAJEURS EN COURS
Non, il ne s'agit pas de travailleurs en plein forage dans une mine. On se trouve plutôt au pied du parlement, devant la façade avant, où des travaux majeurs sont en cours. Un nouveau pavillon d'accueil sera aménagé. De nouvelles salles de commission parlementaire et une agora pour la tenue de conférences seront construites au sous-sol. La facture du projet s'élève à 60 millions de dollars. Les travaux devraient prendre fin en 2019. Quelque 125 000 personnes visitent l'Assemblée nationale chaque année.