Le Parti québécois et Québec solidaire vont tout faire en leur pouvoir pour ralentir l'adoption du projet de loi 106 sur la politique énergétique, à moins que la section portant sur les hydrocarbures en soit exclue. Et des «hostilités» de la part de citoyens ont été prédites lors d'une conférence de presse au centre Saint-Pierre, qui regroupait des représentants des deux partis, de syndicats et de groupes du monde agricole, communautaire, autochtone et environnementaliste.

«Aujourd'hui, on fait une démonstration de force», a dit Manon Massé de Québec Solidaire. «Le projet de loi a été présenté le 6 juin et discuté alors que le Québec était en vacances. On sonne un cri d'alarme, on s'attend à ce qu'il soit déposé cette semaine.»

  

«On représente pas mal de monde, c'est ça que M. Couillard doit comprendre», a renchéri Alain Therrien, porte-parole du PQ en matière d'énergie et de ressources naturelles.

Patrick Bonin, de Greenpeace, a annoncé que «ce ne sera certainement pas la dernière action. Il y aura des hostilités. Les gens sont très émotifs quand ça se passe dans leur cour.»

Jean-Christophe Beauparlant, un agriculteur de 23 ans de Lanoraire, s'est inquiété de ce que le projet de loi permette l'expropriation d'un terrain par une compagnie pétrolière. «Quand ça fait cinq-six générations qu'on est sur notre terre familiale, on ne veut pas ça.»

Pourquoi la Coalition avenir Québec, qui s'est aussi prononcée pour la «scission» du projet de loi en deux pour examiner séparément la portion sur les hydrocarbures, n'était-elle pas présente? «Aux dernières nouvelles, la CAQ est pour la scission, a dit M. Therrien. On va rencontrer Mme Soucy (NDLR Chantal Soucy, députée caquiste).»

À la CAQ, on indique être toujours en faveur de la scission. «Mais peut-être pas pour les mêmes raisons» que le PQ et Québec solidaire, dit Émilie Toussaint, attachée de presse de l'aile parlementaire de la CAQ. «On pense que ce sont deux choses qui doivent être étudiées séparément.»

Durant la conférence de presse, Raymond Stone Iwaasa de Kanesatake, qui n'était pas sur le podium des intervenants, a réclamé que soit pris en compte le «savoir scientifique sur les eaux des premiers peuples, qui est antérieur aux premiers arrivants européens». «Les eaux sont gérées par la grand-maman Lune.»

Manon Massé a salué l'intervention de M. Stone Iwaasa: «L'enjeu, c'est qu'on vous baîllonne, on croit que vous êtes flyés. Le lien entre la grand-mère Lune et la Terre-mère est là depuis toujours.»