Ciblé par les critiques de ses adversaires depuis deux semaines, Alexandre Cloutier s'est porté à l'attaque lors du premier débat des candidats à la direction du Parti québécois, dimanche. Une stratégie qui a donné lieu à des prises de bec musclées avec Martine Ouellet et, surtout, Jean-François Lisée.

Le présumé favori dans la course à succession de Pierre Karl Péladeau avait essuyé le feu nourri de ses rivaux au caucus péquiste à Gatineau, puis lors d'un premier débat à l'Université de Montréal mardi dernier.

Mais dimanche, le député de Lac-Saint-Jean s'est résolument porté à l'attaque. Il a bousculé Martine Ouellet sur la question du pétrole, puis il a fait sortir Jean-François Lisée de ses gonds en dépoussiérant une ancienne proposition de privatiser Hydro-Québec.

Lors du premier débat de mardi, Mme Ouellet avait reproché à M. Cloutier d'avoir voté en faveur de l'exploration pétrolière sur l'île d'Anticosti, un projet auquel il s'oppose. Lorsqu'elle est revenue à la charge dimanche, le député l'attendait de pied ferme.

« Ce qui m'agace profondément, Martine, c'est que c'est toi qui était ministre des Ressources naturelles à l'époque », a-t-il asséné.

« J'ai toujours eu des réserves sur ce contrat-là », a reconnu Mme Ouellet, admettant « qu'on a peut-être fait les choses à l'envers » dans le dossier pétrolier.

« Ce qui est certain, c'est que jamais je ne prendrai une décision qui est contre mes valeurs, contre mes principes, a rétorqué M. Cloutier. Et jamais je ne vais signer un contrat dans lequel je ne crois pas. »

Lisée furieux

Quelques minutes plus tard, Alexandre Cloutier a piqué au vif son adversaire Jean-François Lisée, le seul autre candidat à avoir recueilli des appuis au caucus. Dans un débat sur l'électrification des transports, il a dépoussiéré une vieille idée du député de Rosemont, celle de privatiser une partie d'Hydro-Québec.

« Tu as proposé, Jean-François, de privatiser Hydro-Québec à hauteur de 25%. Jamais, sous ma gouverne, on ne va privatiser un de nos joyaux. »

Visiblement furieux, M. Lisée a accusé son rival de « manger le temps » du débat et de lancer des accusations à son égard. Lorsque la discussion s'est corsée, il a lancé un «HEY!» bien senti.

Au plus fort des échanges, le modérateur Gilles Gougeon a même dû couper le micro pour mettre fin à la prise de bec.

Jean-François Lisée n'a pas fait qu'encaisser les coups. Il a attaqué M. Cloutier quant au flou qu'il entretient sur son calendrier référendaire. Selon lui, la proposition de confier aux militants la décision de tenir ou pas un référendum dans un premier mandat risque de causer un « traumatisme » au sein du parti et fournir des munitions aux libéraux de Philippe Couillard.

« Ce que tu nous proposes, c'est un traumatisme au Parti québécois six mois avant les élections de 2018 », a asséné Jean-François Lisée.