Le Parti québécois n'a rien contre la délation à l'aide sociale, même si une dénonciation sur six seulement est fondée.

L'opposition péquiste a ainsi réagi aux données révélées dans un article de La Presse canadienne cette semaine. Les statistiques compilées par le ministère du Travail, de l'Emploi et de la Solidarité sociale démontrent que bon an mal an, plus de 11 000 cas de dénonciation pour fraude à l'aide sociale sont traités, mais entre 16 et 18 pour cent des cas sont confirmés et résultent en une baisse des prestations. Il a été impossible toutefois de connaître le total des sommes recueillies en recouvrement.

Québec solidaire et le Collectif pour un Québec sans pauvreté ont dénoncé le principe «malsain» et le climat de «far west» induits par la délation et appellent à une réforme plus large de la loi sur l'aide sociale.

Néanmoins, l'opposition péquiste ne remet pas en cause le principe de délation, comme l'a expliqué son porte-parole en matière d'Emploi, de Solidarité sociale et de Lutte à la pauvreté, le député de Saint-Jean, Dave Turcotte.

«Il n'y a pas un politicien ou un citoyen sur la planète qui peut dire qu'il est contre la délation, même s'il y a de sérieux doutes sur l'attitude de la personne, a-t-il affirmé dans une entrevue téléphonique. (...) C'est une bonne méthode, je ne peux pas dire que je suis contre ça, quand on reçoit une plainte, il faut l'évaluer, c'est le gros bon sens.»

M. Turcotte a affirmé que plusieurs signalements sont même rapportés à son bureau de circonscription, que ce soit pour l'aide sociale, la Société de l'assurance automobile (SAAQ) ou la Commission de la santé et de la sécurité du travail (CSST).

«On ne peut pas laisser passer les fraudes, a-t-il résumé. Ceux qui fraudent doivent être punis.»

Encore faut-il que la délation soit faite pour les bons motifs et qu'elle soit traitée de la bonne façon, a nuancé M. Turcotte. Souvent, les dénonciations sont faites en méconnaissant la situation réelle de la personne visée, ou encore par vengeance, a-t-il affirmé.

«On ne peut empêcher les gens de dénoncer (les cas de fraude), mais il faut être prudent dans l'incitation à lancer des campagnes de dénonciation», a reconnu M. Turcotte.

Si les citoyens n'exercent pas leur rôle de délateur, il faudra immanquablement plus d'inspecteurs du gouvernement, et si les citoyens sont trop zélés dans les dénonciations, il faudra aussi plus de fonctionnaires pour traiter les plaintes, a-t-il résumé.

Le député de Saint-Jean a toutefois rappelé que la fraude à l'aide sociale est le fait d'une minorité. «La grande majorité des prestataires de l'aide sociale sont des gens honnêtes qui ont besoin d'un coup de main de l'État pour s'en sortir. (...) Il ne faut pas généraliser la fraude à l'aide sociale.»

Pas moins de 134 personnes travaillent au Centre de communication avec la clientèle d'Emploi-Québec, notamment pour recevoir les dénonciations. La plainte est ensuite transférée à l'agent d'aide financière attitré au dossier de la personne visée par la dénonciation.

Par la suite, le dossier doit parfois être transféré aux services de conformité et aux enquêtes.

Le ministère dispose aussi d'un centre de recouvrement où les effectifs totaux avoisinent les 200 postes à plein temps. Dans son rapport annuel de gestion 2014-2015, le centre indique avoir recouvré près de 45 millions $.

Toute personne qui soupçonne un cas de fausse déclaration au Programme d'aide financière de dernier recours peut faire une dénonciation au centre local d'emploi, ou par téléphone au Centre de communication avec la clientèle d'Emploi Québec, ou en remplissant un formulaire Web.