Pierre Karl Péladeau a trouvé son premier mandat professionnel après la politique: l'ex-chef du Parti québécois siège depuis lundi au conseil d'administration du nouvel institut de recherche sur la souveraineté, dont il avait promis la création lors de sa campagne à la direction du PQ et dont il sera le principal donateur.

M. Péladeau est l'un des 11 membres du conseil d'administration de l'Institut de recherche sur l'autodétermination des peuples et les indépendances nationales (IRAI), qui s'est réuni pour la première fois hier. 

«L'engagement de Pierre Karl prend une autre dimension, comme l'engagement de M. [Ed] Broadbent [ex-chef du NPD ayant fondé un institut de recherche] et des autres ex-chefs de parti [impliqués dans des instituts de recherche], a dit Daniel Turp, président du C.A. de l'IRAI, en entrevue à La Presse. Ces gens n'abandonnent pas le travail ou leurs convictions après avoir quitté la politique.»

«Je sens [M. Péladeau] très motivé et très attentif, en mode écoute. Il est content que le conseil ait choisi de mettre l'accent sur les questions économiques dans les premiers mandats de recherche [qui commenceront à l'automne]», affirme M. Turp.

En plus de siéger au C.A. de l'IRAI, M. Péladeau en sera son principal donateur. L'actionnaire de contrôle de Québecor doit apporter une contribution de 1 million de dollars la première année, soit le budget annuel initial de l'IRAI. Le don n'a pas encore été effectué, l'IRAI n'ayant pas officiellement obtenu son statut d'organisme de bienfaisance auprès des autorités fiscales (ce processus pourrait prendre jusqu'à six mois). M. Péladeau doit faire un don à l'IRAI sur plus d'un an.

D'autres anciens chefs impliqués

M. Péladeau n'est pas le premier ex-chef de parti à s'impliquer activement auprès d'instituts de recherche après sa carrière politique: l'ex-chef du NPD Ed Broadbent a fondé et préside le C.A. de l'Institut Broadbent, l'ex-chef du Parti libéral du Québec Jean Charest préside le conseil des gouverneurs de l'Idée fédérale et l'ex-chef réformiste Preston Manning a fondé le Centre Manning et la Fondation Manning.

Élu chef du PQ en mai 2015, M. Péladeau a démissionné de son poste de chef de l'opposition officielle et de député de Saint-Jérôme le mois dernier pour des motifs familiaux, expliquant qu'une «absence d'alternative» l'a forcé à «faire un choix» entre ses enfants et la politique. En plus de son siège au C.A. de l'IRAI (un mandat bénévole), M. Péladeau siègera à l'un des quatre comités de l'IRAI, celui des finances. Selon M. Turp, M. Péladeau a aussi «participé au groupe de travail stratégique» et fera partie d'un groupe qui définira un mandat de recherche sur les questions économiques comme la péréquation et les avantages économiques de l'indépendance du Québec. L'IRAI donnera ses premiers mandats à des chercheurs à partir de septembre.

Profils variés

Outre Pierre Karl Péladeau, les autres membres du conseil d'administration de l'IRAI sont le président Daniel Turp, professeur de droit à l'Université de Montréal, la vice-présidente Esther Déom, professeure en relations industrielles à l'Université Laval, le secrétaire Miguel Tremblay, ex-candidat d'Option nationale, le trésorier Renaud Lapierre, André Bouthillier, associé directeur à la firme de relations publiques Cohn & Wolfe Canada et ex-chef de cabinet dans le gouvernement Marois, Guy Lachapelle, professeur de sciences politiques à l'Université Concordia, le syndicaliste Atim Léon, l'historienne Lauréanne Daneau, l'économiste Odile Rochon et la productrice Karine Dubois. 

Au moins la moitié des 11 membres du C.A. ne sont pas actuellement membres d'un parti politique. L'IRAI pourrait ajouter jusqu'à quatre membres à son C.A., notamment au sein des communautés culturelles et autochtones.