L'arrivée au Québec de 5000 réfugiés syriens dans les derniers mois rend plus nécessaire que jamais l'amélioration des programmes de francisation, affirme le candidat à la direction du Parti québécois, Alexandre Cloutier. Il propose d'en faire un droit fondamental.

Lors de la dernière course à la direction du PQ, le député de Lac-Saint-Jean avait proposé d'enchâsser le droit à la francisation dans la Charte québécoise des droits et libertés de la personne. Il juge cette proposition plus pertinente que jamais en raison de l'afflux de réfugiés au cours des derniers mois.

Les problèmes de francisation des réfugiés ont été abondamment documentés dans les derniers mois, constate en entrevue M. Cloutier, flanqué du député Maka Kotto. Si rien n'est fait, leur intégration à la société québécoise pourrait être compromise.

« Il y a des exemples concrets d'enfants qui se retrouvent dans une classe et qui n'ont pas accès à des cours de langue, alors qu'on leur demande de suivre un régime pédagogique pour lequel ils ne comprennent strictement rien », dénonce le député.

En faisant de la francisation un droit fondamental, garanti par la Charte, le gouvernement s'imposerait lui-même une obligation additionnelle à l'égard des immigrants. Cette stratégie viserait aussi les « natifs » qui souffrent d'analphabétisme.

« Comme nation, on est rendu à cette étape de faire du droit de l'apprentissage de la langue un droit fondamental pour tout le monde, incluant les Québécois qui ont de la misère à lire et à écrire et qui souhaitent aller au bout de leur apprentissage », dit M. Cloutier.

L'enchâssement de l'apprentissage de la langue dans la Charte exposerait le gouvernement à des poursuites s'il devait faillir à cette obligation.

La plateforme de M. Cloutier en matière de promotion du français reprend plusieurs propositions défendues par le Parti québécois. Il récupère une disposition du projet de loi 14, déposé sous le gouvernement Marois, qui prévoit d'étendre l'application de la Charte de la langue française aux entreprises de 26 à 49 employés.

Le député souhaite aussi que le gouvernement consacre davantage de ressources à l'Office québécois de la langue française pour qu'il valorise la langue, par exemple à l'aide de campagnes publicitaires. L'objectif est de débarrasser l'organisme de son image de « police linguistique » afin qu'il fasse une promotion positive du français.

M. Cloutier propose aussi de modifier la loi 101 sur l'affichage commercial pour forcer les bannières à inclure un générique ou un descriptif en français dans leurs enseignes.

Le gouvernement Couillard a renoncé à cette mesure, qui avait été contestée par un regroupement d'entreprises. Son règlement présenté début mai prévoit que les bannières doivent s'assurer d'un affichage extérieur prédominant en langue française.

Le député propose également que le Québec se dote d'une stratégie afin de renforcer ses liens commerciaux avec les pays francophones.