La sous-ministre et le chef de cabinet du ministre des Transports ont été démis de leurs fonctions, jeudi. Un développement qui survient alors que le Ministère fait l'objet d'une dizaine d'enquêtes de l'UPAC et qu'une ancienne vérificatrice externe dit avoir été victime d'obstruction.

Le premier ministre Philippe Couillard a confirmé avoir accepté la démission de Dominique Savoie, dont la gestion a été sévèrement critiquée ces derniers jours.

 

«On se trouve devant une situation où l'un des plus gros ministères du gouvernement du Québec fait l'objet, on le sait maintenant, d'enquêtes policières, de vérifications constantes, a dit M. Couillard. Ce n'est pas sain pour le Québec, ce n'est pas sain pour la société. Il faut donc agir vigoureusement.»

 

Denis Marsolais, qui était sous-ministre de la Sécurité publique, a été nommé pour succéder à Mme Savoie. M. Marsolais est l'ancien président de la Chambre des notaires. Il a été coroner en chef après un passage au ministère de la Justice.

 

M. Couillard a également annoncé la création d'un poste d'inspecteur général chargé de surveiller les activités du ministère des Transports. Il s'agit d'un poste semblable à celui qui existe à la Ville de Montréal.

 

Le gouvernement effectue également des changements au niveau politique. Le ministre des Transports, Jacques Daoust, a annoncé la mise à pied de son chef de cabinet, Pierre Ouellet.

 

Couillard dans l'ignorance

 

À l'Assemblée nationale, hier, M. Couillard a confirmé qu'il ignorait tout des allégations d'irrégularités au MTQ jusqu'à la publication d'un reportage de L'actualité mercredi matin. Et ce, même si son chef de cabinet avait rencontré l'ex-ministre Robert Poëti pour en discuter à la fin avril.

 

« C'est clair que le flot de l'information doit s'améliorer, a admis M. Couillard. On a toujours des améliorations à apporter dans les organisations. »

 

Le chef de la Coalition avenir Québec, François Legault, s'est montré sceptique devant les explications du premier ministre.

 

« Ou il nous ment, ou il y a un séreux problème de gestion », a dénoncé M. Legault.

 

Le chef par intérim du Parti québécois, Sylvain Gaudreault, y voit la preuve que le premier ministre ne prend pas au sérieux les soupçons de malversations dans l'appareil du gouvernement.

 

« Je comprends que le premier ministre a agi ce matin, a-t-il dénoncé. Mais il est trop tard, la confiance du public est profondément affectée. »

 

La station 98,5 FM a révélé jeudi qu'une vérificatrice externe embauchée par l'ex-ministre Poëti pour scruter les activités du MTQ, Annie Trudel, a démissionné en se disant victime d'obstruction. Dans sa lettre de démission, elle dénonce une « manoeuvre entravant l'analyse des dossiers d'importance sur lesquels je souhaite me pencher ».

 

La Presse a révélé que l'UPAC mène actuellement une dizaine d'enquêtes sur les activités du MTQ.

 

M. Poëti a écrit une lettre à son successeur, Jacques Daoust, à la fin avril. Il a mis le nouveau ministre en garde contre des « irrégularités » et des « situations anormales » qu'il avait découvertes lors de son passage à la barre du Ministère.

 

Dans sa lettre, M. Poëti soutient que la structure du MTQ fait en sorte que les vérificateurs internes relèvent des directeurs territoriaux, sur lesquels ils sont chargés d'enquêter. D'ex-employés sont embauchés en vertu de contrats octroyés de gré à gré, des contrats qui sont parfois fractionnés pour éviter des appels d'offres.

 

M. Poëti révèle avoir exigé plusieurs explications de la sous-ministre Savoie, mais que celle-ci a ignoré ses questions.

 

Un témoignage difficile

 

Lors d'un témoignage difficile en commission parlementaire, mercredi soir, Mme Savoie a minimisé les allégations pesant sur le MTQ. Elle a enjoint les parlementaires à distinguer des « insatisfactions administratives » des gestes criminels.

 

Elle a également affirmé qu'un sous-ministre n'a pas à recevoir d'«ordres» d'un ministre élu.

 

Les parlementaires de tous les partis se sont dits insatisfaits des réponses de Mme Savoie. Le député libéral Guy Ouellette s'est dit « très troublé » de découvrir que la haute direction du MTQ a remis deux versions différentes d'un même audit aux élus de l'Assemblée nationale.