Même si Québec n'accorde pas le droit de décréter les conditions de travail attendu par les municipalités, il n'y aura pas de conflit entre les deux paliers de gouvernement, si on se fie aux réactions plutôt modérées des deux plus grandes villes.

Le premier ministre Couillard s'est engagé jeudi matin à déposer un projet de loi qui rétablirait l'équilibre dans les négociations entre les villes et leurs employés.

À l'issue de son discours devant les 1500 membres de l'Union des municipalités, réunis pour leur congrès annuel, les maires de Québec et de Montréal ne semblaient pas sur le sentier de la guerre, même s'il est clair que Québec ne leur accordera pas les pouvoirs attendus lors de la signature du pacte fiscal, en septembre dernier.

« Le gouvernement va déposer ses solutions et on va l'accompagner », s'est borné à dire Denis Coderre, réservant ses commentaires pour plus tard. Pour Régis Labeaume, les villes préfèrent toujours qu'on leur accorde un pouvoir de décréter, mais tous comprennent que la jurisprudence donne peu de chance à cette solution de traverser le test des tribunaux.

« On veut le pouvoir le plus important, qu'il soit légal en même temps. On connait le problème de jurisprudence, mais ça vaut la peine d'y regarder encore. Les villes ont bien peur du pouvoir d'arbitrage, on veut le pouvoir de décider. A priori, on ne veut pas laisser quelqu'un d'autre décider » dira Régis Labeaume.

MM. Coderre et Labeaume s'étaient pendant près d'une heure entretenus avec le premier ministre Couillard et son ministre Martin Coiteux, avant le début des assises de l'UMQ. « C'est au ministre de réconforter les élus, les gens sont inquiets. Il ne s'est rien fait en sept mois, les gens s'interrogent, c'est normal », a-t-il ajouté. Au passage, il a décoché un trait vers le SCFP qui avait organisé une manifestation, « on annonce 15 000 personnes, ils sont 4000, une quarantaine d'autobus, c'est un flop », a lancé le maire de Québec.

Devant les élus de l'UMQ, le ministre Couillard a précisé que le projet de loi attendu sur les relations de travail entre les villes et leurs employés serait déposé avant l'ajournement de juin. Québec déposera aussi d'ici là le projet de loi faisant de Québec la capitale. Le projet de loi confirmant le statut de métropole pour Montréal attendra la session d'automne.

Sur les négociations, M. Couillard n'a pas été plus limpide que son ministre Martin Coiteux depuis les deux derniers jours. Les municipalités seront reconnues comme « gouvernement de proximité », a-t-il insisté, un projet de loi en ce sens sera déposé l'automne prochain.

« On s'est engagé à rééquilibrer le rapport de force dans les relations de travail, au bénéfice des contribuables. Nous allons le faire. Ce rapport n'est pas symétrique, il doit être révisé ! » a soutenu M. Couillard.

À l'Assemblée nationale, plus tard, le premier ministre Couillard s'est dit confiant d'avoir l'appui des villes pour la proposition de Québec en matière de négociation collective. « Les villes vont collaborer dans l'élaboration du projet de loi », a-t-il dit, en évoquant ses discussions toutes récentes avec les dirigeants de l'UMQ.