Jean-Martin Aussant ne briguera pas la direction du Parti québécois et « verrait d'un bon oeil la candidature de Véronique Hivon », a soutenu une source sûre à La Presse jeudi.

« La seule personne qu'il pourrait appuyer est Hivon, mais compte tenu de ses fonctions, il demeure incertain qu'il puisse exprimer un appui public », a-t-elle ajouté.

Le Devoir rapportait en début de soirée que le fondateur d'Option nationale et ancien député péquiste avait transmis un courriel aux employés du Chantier de l'économie sociale pour signifier qu'il restait à la direction de l'organisme. Il y travaille depuis huit mois.

M. Aussant a fait part de sa décision à d'autres personnes. « Il n'y va pas », a résumé l'une d'elles.

Bien des signaux pointaient vers un désistement de M. Aussant durant la journée de jeudi. Les probabilités qu'il se lance dans la course à la direction du PQ paraissent bien minces, a confié Lisette Lapointe, veuve de Jacques Parizeau et proche de l'ancien député péquiste. Mais « il n'a pas encore dit non ! », a-t-elle dit à La Presse après s'être entretenue avec le principal intéressé, mais avant que celui-ci n'ait tranché. Lisette Lapointe n'a pas caché sa préférence pour Jean-Martin Aussant, qui avait quitté le Parti québécois en même temps qu'elle, Louise Beaudoin et Pierre Curzi, en juin 2011. « Ça ne veut pas dire que je ne trouve pas que les autres candidats sont de bonnes personnes », a-t-elle pris soin de préciser.

Mais le résumé qu'elle fait de son entretien avec Jean-Martin Aussant montre pour l'essentiel qu'il y avait bien des inconvénients à un saut dans la course. La décision « n'est pas simple », a-t-elle dit. « Il y a des considérations familiales. » M. Aussant est le père de jumeaux en bas âge. Mais aussi, il « adore son travail au Chantier de l'économie sociale ». Les appuis doivent également être pris en compte, a indiqué Mme Lapointe. Or M. Aussant « n'a pas d'équipe au sein du PQ actuellement », lui qui avait fondé Option nationale après son départ fracassant en 2011. Mais le fait qu'il ait démissionné ne le disqualifiait pas nécessairement auprès des ex-collègues députés, a noté Mme Lapointe.

OUELLET MISE SUR SON PROFIL ÉCONOMIQUE

En début de soirée, Martine Ouellet, qui « songe sérieusement » à succéder à Pierre Karl Péladeau, a affirmé qu'elle n'était pas au courant du choix de M. Aussant. « C'est sa décision, je n'ai pas eu l'occasion de lire les raisons qui l'ont motivé. » En entrevue avec La Presse, en marge d'un événement partisan du PQ dans l'est de Montréal, la députée péquiste a insisté sur son « profil économique » et sa carrière en « développement économique » chez Hydro-Québec. D'après Mme Ouellet, l'élection du nouveau chef pourrait avoir lieu « très certainement avant Noël, vers le mois de novembre », selon ses informations.

HIVON TIENT TÊTE À CLOUTIER

De son côté, Véronique Hivon n'a pas non plus l'intention de laisser le champ libre à Alexandre Cloutier. « La réflexion est très sérieuse et très avancée. On n'est pas dans le même scénario » que lors de la précédente campagne au leadership, soutient une source sûre.

Le critère « déterminant » pour que la députée de Joliette se lance dans la course à la direction du Parti québécois est le niveau d'appuis à sa candidature éventuelle. Or « le mouvement est réel », constate cette source proche de Mme Hivon. 

« Le mouvement est en marche et il sera dur à arrêter », dit une source proche de Véronique Hivon au sujet des appuis recueillis par la députée

Surtout, cette fois-ci, « il ne semble pas y avoir d'obstacle du point de vue familial » pour cette mère d'une fille. Elle avait renoncé à se porter candidate lors de la précédente campagne à la direction, à l'automne 2014, en invoquant des raisons familiales. Elle s'était ensuite ralliée à Alexandre Cloutier. Ce ne sera pas le cas cette fois-ci, selon notre source. « On n'est pas dans le même scénario. »

Des péquistes croient que Mme Hivon et M. Cloutier font du théâtre et que, comme à la dernière campagne, la députée se rangera derrière son collègue. « Oh non, on n'est pas là-dedans pantoute », a assuré la source.

Lors d'une rencontre mercredi, Alexandre Cloutier a prévenu sa collègue qu'il briguerait la direction, peu importe les adversaires en présence. Cette déclaration « ne change rien » pour Véronique Hivon, selon notre source.

Claude Cousineau a été le premier député à appuyer la candidature éventuelle de Mme Hivon, suivi par Carole Poirier et André Villeneuve. Le vétéran François Gendron a encouragé la députée de Joliette à briguer la direction, lui qui s'était rangé derrière Alexandre Cloutier lors de la dernière course. Il a d'ailleurs refusé de réitérer son appui à M. Cloutier, qui n'a jusqu'ici aucun appui officiel au sein du caucus.

Un autre député, sous le couvert de l'anonymat, souhaite que Véronique Hivon tienne la barre du parti. Il attend après la réunion du caucus péquiste d'aujourd'hui pour afficher ses couleurs publiquement. « Je l'aime beaucoup, Alexandre, mais si tout le monde entend sur le terrain ce que j'entends chez nous, à un moment donné, ça va finir par porter ses fruits chez Véronique. Et je comprends que Véronique a plus d'appuis qu'Alexandre. Ça parle beaucoup », a dit ce député.

UN DÉPUTÉ APPUIE MARCEAU

Mais si Véronique Hivon ou Alexandre Cloutier espéraient faire l'unanimité au sein du caucus péquiste, c'est raté. Un premier élu, le député de Sanguinet, Alain Therrien, a invité son collègue Nicolas Marceau à se porter candidat. Il a prévenu qu'il n'était « pas question » de couronner l'un ou l'autre des présumés candidats de tête.

« Si Nicolas lève la main pour y aller, c'est avec un très grand intérêt que je vais apprécier cette candidature, a-t-il dit. C'est très clair, ça correspond pas mal à l'endroit où je loge politiquement. »

Selon lui, le PQ doit se présenter comme un champion de l'économie, un virage qu'avait entrepris M. Péladeau. M. Marceau - que M. Therrien décrit comme « l'un des meilleurs économistes au Canada » - serait la personne toute désignée pour poursuivre dans cette veine, selon le député. M. Marceau se dit toujours en réflexion.

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DIRECTION PAR INTÉRIM :  MALTAIS TOUJOURS CANDIDATE


Agnès Maltais n'a pas l'intention de retirer sa candidature au poste de chef par intérim du Parti québécois. « Ma candidature est toujours sur la table », a-t-elle dit sans détour, jeudi midi. L'entourage de son adversaire Sylvain Gaudreault a tenté de la convaincre de se retirer de la course en arguant que le député de Jonquière avait recueilli près des deux tiers des appuis au sein du caucus. « Ce n'est pas la lecture que j'en fais », a rétorqué Mme Maltais. Les députés du PQ choisiront le chef par intérim lorsqu'ils se réuniront dans un hôtel à Québec, aujourd'hui.

- Avec la collaboration de Louis-Samuel Perron