Le choc de la démission-surprise de Pierre Karl Péladeau à peine passé, il est déjà temps d'envisager sa succession à la tête du Parti québécois.

Certains espèrent éviter une course longue est coûteuse. D'autres prédisent déjà un duel entre Alexandre Cloutier et Jean-Martin Aussant, un face-à-face qui marquerait l'arrivée d'une nouvelle génération à la barre du parti indépendantiste. Leurs noms ne sont toutefois pas les seuls à circuler.

Alexandre Cloutier

Député de Lac-Saint-Jean, 38 ans

Le député de Lac-Saint-Jean a terminé deuxième derrière Pierre Karl Péladeau dans la course de l'an dernier. Son score de 29% a surpris plusieurs observateurs, qui estimaient son rival imbattable. Diplômé de Cambridge, ex-ministre des Relations intergouvernementales, il jouit d'une bonne expérience politique malgré son jeune âge. Il s'est démarqué par son ton résolument positif pendant la dernière course. Il a obtenu l'appui de deux députés influents, Véronique Hivon et François Gendron. Il est également père de deux jeunes enfants, ce qui peut militer contre une candidature à la chefferie.

Jean-Martin Aussant

Directeur général du Chantier de l'économie sociale, 45 ans

Les membres du Parti québécois ont été galvanisés par le poing brandi de Pierre Karl Péladeau et son appui sans détour à la cause de l'indépendance. Plusieurs croient que l'ex-chef d'Option nationale produira un effet semblable s'il se lance dans la course. L'ancien député a quitté le PQ en 2011 parce qu'il le jugeait trop mou sur la promotion de la souveraineté. Lors des funérailles de Jacques Parizeau, dont il était proche, il a suscité beaucoup d'espoir chez ses partisans en appelant à «la fin de tous les exils». Une question demeure, toutefois : les députés péquistes accepteront-ils de travailler avec un collègue qui les a trahis?

Véronique Hivon

Députée de Joliette, 46 ans

Selon certains, c'est la seule qui aurait eu une chance de battre Pierre Karl Péladeau si elle s'était lancée dans la dernière course à la direction. Elle s'est plutôt rangée derrière Alexandre Cloutier, dont elle est restée proche. La députée s'est démarquée lors de l'adoption du projet de loi sur les soins en fin de vie, une démarche délicate qui nécessite une approche moins partisane. C'est un atout de taille pour le Parti québécois, qui tente un rapprochement avec les autres partis indépendantistes. C'est d'ailleurs elle que M. Péladeau a désignée pour mener des pourparlers avec Québec solidaire et Option nationale. 

Bernard Drainville

Leader parlementaire du Parti québécois, 52 ans

Le député de Marie-Victorin avait obtenu l'appui de sept députés, plus que tout autre candidat dans la dernière course à la direction. Mais il s'est retiré de la course en concédant la victoire à M. Péladeau. Son influence semble s'être accrue depuis, comme en témoignent sa promotion comme leader parlementaire et l'embauche d'un proche, Manuel Dionne, comme directeur des communications au cabinet du chef. Certains se demandent s'il quittera le rôle prestigieux - et payant - de leader parlementaire pour briguer la chefferie de nouveau. Sans compter qu'il n'aura plus dans son coin son conseiller Stéphane Gobeil, passé à la CAQ.

Martine Ouellet

Députée de Vachon, 47 ans

La seule femme dans la dernière course à la direction n'a pas recueilli le résultat espéré: seulement 13% des appuis. Elle dispose toutefois d'appuis au sein d'une clientèle précieuse pour le Parti québécois puisqu'elle est très proche du milieu syndical. Elle s'est aussi présentée comme une «pressée» lors de la dernière course, un message qui résonne chez les membres qui souhaitent ramener l'indépendance au coeur de l'action du PQ. Certains croient qu'elle n'a rien à perdre en se présentant de nouveau. La principale intéressée a affirmé hier qu'il est trop tôt pour annoncer ses intentions. «On n'en est pas là!», a-t-elle lancé.  

Jean-François Lisée

Député de Rosemont, 58 ans

L'un des parlementaires les plus efficaces du Parti québécois, sa candidature à la direction du PQ a pris fin abruptement lors de la dernière course. Il s'est retiré avant le début officiel de la campagne en concédant la victoire à Pierre Karl Péladeau, qu'il avait qualifié de «bombe à retardement» en raison de son double-rôle de politicien et d'actionnaire de contrôle de Québecor. Certains doutent qu'il plonge cette fois-ci. Il est sorti endetté de sa dernière campagne. Et, père de cinq enfants, il pourrait lui aussi passer son tour pour des raisons familiales.