Québec solidaire demande au premier ministre Philippe Couillard, non pas de montrer ses vraies couleurs, mais bien d'assumer le vert dont il s'est drapé au Sommet de Paris, l'automne dernier.

La députée de Sainte-Marie-Saint-Jacques, Manon Massé, souligne que les citoyens de l'île d'Anticosti ont élu, le 11 avril dernier, John Pineault à la mairie, lui qui avait fait campagne contre l'exploration et l'exploitation d'hydrocarbures sur l'île, ce qui correspond également à la position de son parti.

«Quand je vois que même les gens d'Anticosti disent la même chose que nous en élisant le maire qui a fait campagne contre la fracturation, je ne sais pas ce que ça va prendre de plus à ce gouvernement-là», a-t-elle affirmé en entrevue avec la Presse Canadienne.

Mme Massé se dit très déçue de constater que le premier ministre n'ait pas profité du Jour de la terre, vendredi, pour tout simplement mettre un terme à l'exploration en cours présentement sur l'île, puisque la population a démontré son opposition.

«Il me semble qu'on a tout pour dire: M. Couillard, s'il vous plaît, mettez vos culotte et dites non», a-t-elle ajouté.

Absence d'acceptabilité sociale

Radio Canada rapportait cette semaine que, dans les jours suivant son élection, le maire Pineault a fait parvenir une lettre au ministre de l'Environnement, David Heurtel, réclamant une rencontre et, d'ici là, la suspension des activités d'exploration, évoquant l'absence d'acceptabilité sociale, un concept auquel fait constamment référence le gouvernement Couillard.

John Pineault a été élu avec 74 voix contre 66 dans la petite municipalité insulaire, où le taux de participation a atteint 74%.

La société Pétrolia est toujours en attente d'un certificat d'autorisation pour amorcer ses travaux d'exploration, qui doivent être réalisés par la technique de fracturation hydraulique, une technique controversée dont les effets sur l'environnement demeurent nébuleux.

Ces travaux doivent déterminer le potentiel d'exploitation des hydrocarbures à Anticosti.

Pétrolia a laissé planer la menace d'un éventuel recours juridique si le gouvernement du Québec ne respecte pas le contrat qu'il lui a octroyé pour réaliser ces travaux.

Depuis le sommet de Paris, Philippe Couillard a répété à maintes reprises qu'il s'oppose à l'exploitation d'hydrocarbures sur l'île et la députée de Québec solidaire croit que le temps est venu de passer de la parole aux actes. Elle demande de plus au ministre Heurtel de rencontrer le maire Pineault.

Selon Manon Massé, les prétentions de leadership environnemental mondial exprimées par Philippe Couillard à Paris ne pourront jamais tenir la route s'il persiste ainsi à souffler le chaud et le froid.

«Le Québec ne peut pas jouer un rôle de leadership face au Canada et aux autres provinces parce que lui-même hésite constamment entre oui on va dans le pétrole, non on n'y va pas; oui on va dans le gaz de schiste, non on n'y va pas.»

Selon elle, cette question dépasse largement l'île d'Anticosti et le sérieux du Québec se mesurera à son opposition aux autres projets canadiens d'exploitation d'hydrocarbures, qu'il s'agisse des sables bitumineux d'Alberta ou du gisement Old Harry dans le golfe du Saint-Laurent.

«Le gouvernement Couillard a voulu prendre cette image-là à Paris; ça impose des gestes y compris celui d'influencer le reste du Canada tant pour Old Harry que pour les sables bitumineux.»

Dans le cas du gisement Old Harry, celui-ci est situé à mi-chemin entre les Îles-de-la-Madeleine et Terre-Neuve, directement sur la limite entre cette province et le Québec, et chevauche le territoire des deux provinces.

Mme Massé estime que le gouvernement du Québec doit non seulement refuser de l'exploiter, mais aussi convaincre Terre-Neuve-et-Labrador d'en faire autant.

«Il est encore temps de ne pas aller sur Old Harry et ça s'appelle du leadership», a-t-elle soutenu, faisant valoir que l'opposition à ce développement est très vive aux Îles-de-la-Madeleine en raison du milieu naturel fragile.